Aaricia
Etranger au clan, Thorgal a grandi entre la haine et l’indifférence des siens. Mais, même dans les moments difficiles, il peut compter sur l’affection d’une petite fille résolue, la fille d’un chef, Aaricia.
Comme l’avait fait « L’enfant des étoiles », cet album propose une nouvelle pause dans la progression de l’histoire, un retour sur les origines des personnages de la saga. Quatre histoires courtes (10, 10, 10 et 16 planches, publiées dans Tintin en 1984, 1985, 1987 et 1988) reviennent sur quatre moments forts de la jeunesse de Thorgal et Aaricia : la mort de la mère d’Aaricia ; la mort de Leif Haraldson, père adoptif de Thorgal, et le couronnement de Gandalf-le-fou ; la réintégration de Thorgal au sein du village ; l’utilisation des larmes de Tjahzi, présent de la déesse Frigg.
Ce très bel album permet aux auteurs d’explorer un certain nombre de mythes et coutumes scandinaves. Les dieux d’Asgard sont là, bien sûr, mais aussi les géants, les nixes menteurs, les dragons…
On en apprend plus sur l’organisation des contrées nordiques, avec les Things (assemblées régionales) et l’Althing, assemblée plus importante représentée par Hiérulf-le-penseur. Organisme central, l’Althing — apparu en Islande au Xème siècle — promulgue des lois et rend la justice. Mais n’ayant pas de pouvoir exécutif, l’autorité de l’Althing reste plus que relative…
On assiste à l’enterrement d’un grand chef viking, dont le corps est brûlé, l’épée à la main, à bord d’un drakkar lancé en mer. Les rites funéraires vikings étaient assez variés, d’une région à l’autre. Le point commun de ces rites est l’idée d’une vie dans l’au-delà. Mourir l’épée à la main permettait au guerrier de rejoindre Odin pour combattre et festoyer à ses côtés. Le défunt était brûlé ou enterré avec tout le matériel nécessaire : armes, vêtements, bijoux, outils, fourrures, nourriture et boisson… Selon son rang, on pouvait également l’enterrer ou le brûler avec un traîneau, un chariot, un bateau ! On sacrifiait des animaux pour le « nourrir », mais aussi pour tirer son attelage. Le mort était parfois accompagné dans la tombe par une esclave ou une suivante à laquelle il était particulièrement attaché…
On assiste enfin au rituel de justice de la holmganga, le jugement d’Odin. On sait peu de choses sur ce rituel dont le nom signifie « sortir de l’île », mais on peut penser qu’à l’image de nombreux duels de l’époque, il s’agissait d’un combat à mort entre deux plaignants, dont le vainqueur était considéré comme étant de bonne foi…
Pour revenir à l’histoire, il faut noter que cet album donne à Aaricia l’un de ses plus beaux rôles. Jolie, fraîche et spontanée, la petite fille fait regretter le manque de profondeur du personnage de Louve, inconsistante dans les albums où elle apparaît. Avec « La chute de Brek Zarith » et « Alinoë », « Aaricia» fait partie des albums où la femme de Thorgal s’impose comme un personnage indispensable de la série !