Aniel
Thorgal et ses compagnons ont fui une ville en guerre, pour se retrouver perdus en mer, affamés. Blessures du corps, blessures de l’âme, le voyage de retour devient pour le groupe de naufragés une épreuve de plus. Pour certains d’entre eux, ce sera peut-être la dernière.
Tout au long de la journée, à bord de son embarcation de fortune, Thorgal veille sur son fils.
Allongé sur un lit que la mer rend perpétuellement humide, le garçon tente de se remettre de ses blessures. Les plaies semblent se refermer, malgré l’eau et le sel, grâce aux soins constants prodigués par Thorgal et Salouma. Et pourtant le jeune homme ne se réveille pas. Il lutte, il gémit, comme si les forces déchaînées dans la lointaine Bag Dadh continuaient à le ronger de l’intérieur.
Assis près de lui, Thorgal regarde cet enfant, devenu presque un homme grâce à une magie qui le dépasse. Tant de temps passé à le chercher… Si peu de mots échangés. Est-il un père pour cet enfant ? Aura-t-il l’occasion de le devenir un jour ?
Le garçon ouvre les yeux un instant, mais son regard reste vide. Ses iris carmins ne réagissent pas, et rappellent sans cesse que la malédiction des mages rouges continue à troubler son âme.
Thorgal pose une main, qu’il voudrait apaisante, sur le front de son fils. Puis, les yeux embués, il quitte celui qui incarne à lui seul l’ensemble des fautes commises tout au long de sa vie.
Aniel.