La Selkie
Louve a disparu ! Thorgal et Jolan enquêtent pour tenter de retrouver sa trace, mais l’inquiétude grandit au sein de la famille Aegirsson. Loin de là, dans une île perdue, le vent hurle une plainte lancinante. Un message de mort pour les marins imprudents qui tenteraient de trouver la Selkie !
La petite fille avait toujours adoré l’odeur de la mer. Le sel, les embruns, et même les effluves fortes émanant des poissons frais, des crabes à demi-dévorés par les oiseaux marins, des algues échouées sur le sable.
Mais ici, dans cette masure immonde, la mer avait l’odeur de la mort.
Les filets de pêche, encore garnis de tout ce qui n’avait pas intéressé les marins lorsqu’ils avaient remonté leur récolte, libéraient une puanteur insupportable. Des peaux de phoques séchaient dans un coin, en ajoutant des relents de chair pourrie. Il y avait de quoi vomir.
Recroquevillée dans une cage qui n’était pas destinée à recevoir un être humain, la fillette s’efforçait de respirer par la bouche. Et de réfléchir. Malgré la peur, malgré l’odeur. Elle devait bien le reconnaître, cette fois-ci elle n’avait pas su gérer la situation. Elle n’avait pas vu les coups venir. L’homme l’avait frappée, assommée, emprisonnée. Il était violent, agressif et borné. Il allait lui faire du mal.
Ses membres engourdis empêchaient tout repos. Sa tête était envahie par des images qui faisaient monter en elle une panique insupportable, presque douloureuse. Elle sentait l’espoir glisser entre ses doigts, se perdre dans les mailles du filet du pêcheur.
Il faut sortir de cette cage, Louve. Il faut sortir. Vite.