La Selkie
Louve a disparu ! Thorgal et Jolan enquêtent pour tenter de retrouver sa trace, mais l’inquiétude grandit au sein de la famille Aegirsson. Loin de là, dans une île perdue, le vent hurle une plainte lancinante. Un message de mort pour les marins imprudents qui tenteraient de trouver la Selkie !
Tout comme les tomes précédents, « La Selkie » a été proposée en trois versions bien différentes. Il y a bien sûr l’édition classique du Lombard, qui reprend les codes graphiques que connaît Thorgal depuis le tout début. L’habillage et les dimensions des albums n’ont pas changé depuis le tome 1, « La magicienne trahie », en 1980.
Mais nous retrouvons pour ce 38ème tome deux éditions alternatives, aux caractéristiques bien différentes. La première est une édition uniquement disponible dans les Fnac, en grand format couleurs, avec une couverture alternative réalisée par Fred Vignaux. Imprimée en seulement 2000 exemplaires, cette version est vendue 19€99.
La seconde édition alternative est un album luxueux destiné à un public de collectionneurs. En voici une présentation complète !
L’édition Fnac
Limitée à 2000 exemplaires réservés à la chaîne de magasins et à sa boutique en ligne, cette belle édition propose une couverture inédite, réalisée par Fred Vignaux.
Vous pouvez découvrir la réalisation de cette couverture en cliquant sur l’onglet « Atelier » ou en suivant ce lien.
Au dos de l’album, nous retrouvons la toile de Grzegorz Rosinski réalisée pour l’édition Lombard de cet album.
Il est temps de comparer les éditions, d’ailleurs. En dehors de l’habillage graphique et de la couverture, cette édition Fnac est également en grand format, avec pelliculage mat. D’où l’absence de reflets sur la photo, contrairement à l’édition classique.
Les tomes 35 « Le feu écarlate » et 37 « L’ermite de Skellingar » ont également eu droit à leur édition limitée. Le format et l’habillage graphique étant semblables, on commence bel et bien à avoir une collection alternative d’albums à l’aspect luxueux.
Ouvrons-le ! Il y a de la couleur dès la page de titre. Eh oui, contrairement à l’édition de luxe qui vous sera présentée ci-dessous, cette édition est en couleurs, mais dans un format supérieur à l’édition normale.
L’impression est de belle qualité, sur un papier très agréable au toucher. Une iconographie stylisée accompagne les numéros de pages.
L’album est complété par un cahier graphique de huit pages. Divers documents ont été puisés dans les archives des auteurs, pour accompagner et prolonger la lecture.
On retrouve notamment une page complète du scénario, accompagnée des esquisses préliminaires et de la planche encrée en noir et blanc. Différents travaux de recherche de Vignaux sont exposés sur les pages suivantes.
On clôt l’album avec des recherches préparatoires ayant servi de base de travail aux auteurs pour réaliser les couvertures.
Proposée en exclusivité dans les Fnac pour 19€99, cette édition spéciale a donc beaucoup d’atouts. Elle a vite été épuisée en ligne, mais il est toujours possible de la trouver dans certains magasins, en furetant bien.
L’édition de luxe
Comme toujours, on reçoit l’ouvrage sous un splendide écrin de plastique. Avec des bulles. Et des coins carrés, comme les anciens poteaux de foot.
L’habillage protège, mais il affiche aussi le numéro de l’album que vous recevez. Allez, on le déshabille ?
Voici donc l’album ! L’ambiance a clairement viré au rouge, tout comme pour « Le feu écarlate » il y a quelques années.
Mais ?… Il y a encore du plastique ! Si si, un blister bien serré cette fois-ci. Si votre album a des rayures, ce sera vraiment de votre faute ! Bon, donc, on le déshabille à nouveau.
Le voilà nu, soumis à nos mains inquisitrices. Le toucher est doux, mat, et on sent sous le doigt les ornements de vernis sélectif. La belle illustration de Fred Vignaux est encadrée par différents éléments stylisés, à la fois sobres et élégants.
Avant d’aller plus loin dans l’exploration, voici un comparatif afin de vous permettre de voir que nous changeons vraiment de format avec cette édition spéciale.
Le dos est orné d’un pêle-mêle doré, circonscrit dans un cercle. Une frise discrète, rappelant celle des albums classiques, file tout au long du dos toilé.
Voyons voir de plus près. La couverture a plusieurs vernis sélectif. Un vernis mat, globalement, sur l’ensemble. Des dorures à chaud, appliquées en divers endroits, comme on peut le voir ci-dessous. Et un vernis noir ayant un bel effet, sur les lettres qui nous intéressent le plus. Thorgal ! Le vernis dessine des arabesques élégantes.
En jouant avec la lumière, nous découvrons les secrets de cette couverture.
La tranchefile rouge souligne et renforce le dos toilé.
On l’ouvre ! Avec une première page qui reprend les codes graphiques des éditions de luxe de ces dernières années.
L’album est limité à 400 exemplaires, et 30 exemplaires hors-commerce. Celui qui vous est présenté ici fait partie de ces derniers, et le numéro s’affiche en ouverture du livre et sur l’autocollant de la pochette de protection.
Un ex-libris permet d’apprécier la toile réalisée par Grzegorz Rosinski pour l’édition classique de l’album. Tout comme l’album, il n’est malheureusement pas signé par les auteurs. C’est vraiment dommage. Sans la signature que l’on retrouve généralement dans ce genre d’ouvrages, cette version luxe perd un peu le côté intime et unique de ces éditions rares.
Pour le faire signer, il ne vous restera donc plus qu’à faire la tournée des festivals, quand ils rouvriront leurs portes après la fin de l’épidémie de COVID-19, avec sous le bras votre album qui coûte le prix d’une télé.
Comme attendu, l’album est en noir et blanc. On y perd la belle mise en couleurs de Gaétan Georges, mais le travail d’encrage précis et contrasté réalisé par Fred Vignaux est ici largement mis en valeur.
Le beau papier et l’impression soignée donnent aussi du sens à ce bel ouvrage, dont le prix s’accorde avec la rareté et la qualité de la réalisation.
Les planches profitent également d’un format plus large, comparé ici à une case de l’album en édition classique.
Tout comme Rosinski, Vignaux travaille ses images aussi bien en noir sur blanc qu’en blanc sur noir. Ci-dessous, le travail sur la pluie en est un exemple intéressant. Il y en a beaucoup d’autres dans cet album. Dans la case de gauche, les rochers et les personnages protégés par l’auvent se découpent en blanc sur un fond noir. Leur aspect en devient trouble et menaçant. A droite, la serpe du jeune homme ressort nettement sur son torse noir, ce qui accentue la présence de l’objet dans l’image, et vient renforcer l’animosité des propos.
Dans la troisième image, l’une des serpes est blanche sur fond noir, l’autre noire sur fond blanc. Le yin et le yang de la découpe. Bien que l’image soit en noir et blanc, l’eau y est omniprésente et s’insinue partout.
L’album est bien sûr accompagné d’un cahier graphique copieux. Il réunit différents documents extraits des archives des auteurs de « La Selkie ».
On y retrouve des esquisses, parfois en couleurs, mais aussi des extraits du scénario écrit par Yann.
Mais que vois-je ? Voilà que les albums luxe piquent à Thorgal.com la somptueuse et passionnante idée de comparer différentes versions d’une même planche ! Vous pouvez noter l’intéressante version 3 de la planche du haut, qui affiche en masses de gris les suggestions faites par Vignaux à son coloriste pour que celui-ci ait une vision claire de ce que s’imaginait le dessinateur lorsqu’il a réalisé sa planche.
Et encore un atelier ! Pour en voir et savoir plus sur la réalisation de ces couvertures, vous pouvez aussi cliquer sur le lien « Atelier » qui se trouve quelque part sur cette page de Thorgal.com. A noter, la version de travail qui a servi de base à Rosinski pour peindre sa couverture — image de gauche — est une proposition faite par Fred Vignaux.
L’ultime et intéressant document proposé dans le cahier graphique est un large extrait du story-board initial de Fred. N’hésitez pas à prendre le temps de placer l’album classique du Lombard à côté de ces pages, pour voir le cheminement qui a mené l’auteur vers la planche définitive. On voit notamment qu’il place les bulles très tôt dans sa réflexion, et qu’il construit donc ses images en tenant fortement compte de la lecture et de l’impact des textes.
Les trois premières planches sont en grand format, suivies de 32 planches plus réduites.
Comme toujours, ces beaux albums destinés à un public d’amateurs n’iront pas dans toutes les bibliothèques, mais la collection d’albums Thorgal en édition luxe commence à être conséquente et à représenter, en soi, une quête passionnante pour les collectionneurs.