Le maître de justice
Alors que, dans l’arène du maître de justice, Jolan se bat pour sa vie et pour la liberté de son peuple, Kriss poursuit le voyage qui devrait la ramener auprès de son fils. Sur des terrains de jeu qu’ils ne maîtrisent pas, face à des adversaires implacables, les deux anciens alliés livrent le combat le plus éprouvant de leur vie.
La pluie redouble. Lourde, presque violente, l’eau cisaille l’air avec des milliers de flèches humides.
Le maître de justice la sent à peine.
Il observe, depuis le début. Et ce qu’il voit ne lui plaît guère.
Comme trop souvent, les hommes sont venus se battre près de son antre. Ils ont détruit les villages, ravagé les récoltes, souillé un sol qu’ils méritent à peine de fouler. Mais Joril veille. Il a appris à reconnaître la vanité et à faire de ce misérable défaut une arme infaillible pour combattre les puissants, pour les mettre à ses pieds. Il est le maître de justice. Il est le juge. Il est le bourreau.
Ces deux hommes qui se battent sous la pluie sont aussi méprisables l’un que l’autre. Un vieillard bouffi de préjugés et d’orgueil. Un enfant capricieux, qui se voudrait roi des hommes. Joril leur a donné la chance de pouvoir mettre fin à leur guerre, d’une manière glorieuse et honorable, en combattant dans son arène. Qu’ont-ils fait de ce cadeau ? Un combat sans âme. Des gesticulations et du bavardage.
Et voilà que l’enfant, après avoir combattu sans gloire, s’autorise à sauver son adversaire ! Joril souffle son mépris, et descend de son perchoir. Pouvait-il en être autrement ? Encore une fois, il va devoir faire ce qu’il fait le mieux. Il va rendre la justice. Il va prononcer son jugement.
Il va être le bourreau.