Les trois soeurs Minkelsönn
La famine frappe le village des Vikings du Nord et emporte chaque jour de nouvelles vies. Pour Bjorn et les autres dirigeants du clan, un sacrifice humain semble désormais un choix envisageable. Et quelle meilleure victime pour cela que l’inutile et encombrant Thorgal ?
On retrouve dans cet album le duo d’auteurs de la série Louve, avec donc le français Yann au scénario et le russe Roman Surzhenko au dessin.
En ce début d’année 2013, il s’agit déjà de leur troisième collaboration.
Le dessin est encore une fois superbe et, nouveauté de l’album, les couleurs sont aussi l’œuvre de Surzhenko, auteur complet qui prend de plus en plus d’importance dans la collection des Mondes.
On s’habitue très vite à ces nouvelles couleurs, réalisées dans le respect des codes de la série mère. Voici une planche interactive permettant d’apprécier cette mise en couleurs.
(Passez la souris ou le doigt sur l’image pour voir l’animation)
Le découpage de Yann est lui aussi respectueux des codes de la série, généralement en trois strips, parfois en quatre quand le scénariste a besoin de plus d’espace pour l’action ou les personnages.
La couverture est encore une fois l’œuvre de Grzegorz Rosinski, dessinateur de Thorgal. L’auteur a hésité entre plusieurs scènes, en voici quelques-unes. La première était basée sur une proposition de Roman Surzhenko. Thorgal et Aaricia, étendus dans la neige, se serraient l’un contre l’autre.
Voici une copie de l’image originelle réalisée par Surzhenko. Elle est ici sur la table de Rosinski, au milieu des outils de l’artiste. On voit que l’image reprend l’une des scènes de l’album, lorsque Thorgal chante pour Aaricia. Les deux enfants surplombent la mer, assis sur un arbre mort, près de l’abri que Thorgal s’est bâti.
Cette belle image a été utilisée en couverture de l’album de luxe paru en 2014 (voir l’onglet Luxe).
Rosinski a finalement choisi de représenter une scène plus dynamique, extraite de l’album. Il a d’abord pensé à la rencontre d’une nixe trompeuse, scène venue de la fin de l’album quand Thorgal, blessé et affamé, s’éteint peu à peu au fond d’une grotte.
Après quelques essais, le dessinateur s’est finalement tourné vers une scène où Thorgal est plus à son avantage. Il se dresse seul face aux mercenaires qui veulent l’abattre, au pied d’une tour délabrée. Un homme mort montre sa détermination, et une main tenant les barreaux indique qu’une personne est enfermée derrière lui.
Rosinski a finalement choisi une scène à l’esprit intermédiaire. Thorgal est moins triomphant, mais reste face au danger, acculé. On s’éloigne de la tour, qui ne dévoile aucun de ses mystères, en dehors de sa forme torturée. Les mouettes suggèrent la proximité de la mer, mais elles seront remplacées par des chauves-souris dans la toile définitive, afin de mieux coller à la scène de l’album, qui se déroule de nuit sous la lumière bleutée de la lune. L’auteur profite de l’espace délaissé à gauche pour placer l’un de ses exercices favoris, l’intégration du visage d’un personnage. Ici, c’est la petite Aaricia qui va se révéler au creux des nuages.