Özurr le Varègue
Thorgal est de retour auprès d’Aaricia et des Vikings du nord. Les épreuves récentes n’ont pas entamé leur volonté de vivre au sein d’une communauté apaisée. Mais alors que les combattants du village sont partis en expédition, une voile inconnue apparaît en mer et se tourne vers le petit port viking. A la proue du navire, un homme fier et revanchard s’apprête à réclamer son dû.
Allongée sur sa paillasse malodorante, la vieille femme a fini par s’endormir. Les bruits du monde l’envahissent. Les craquements, le ruissellement, le souffle rugissant du vent nocturne.
La vieille gémit. Son sommeil agité ne lui offre plus de repos. Elle fait le même rêve depuis des semaines et les terreurs de ses nuits commencent à devenir celles de ses jours.
Le rêve se termine toujours de la même façon. Une douleur fulgurante dans le bras, un éclair de lumière puis le feu, qui la dévore en creusant ses chairs. Et derrière la barrière de flammes, le rire cruel d’une enfant qui s’amuse de la voir mourir de la plus atroce des manières.
La vieille se réveille, couverte de sueur malgré le froid de sa hutte, l’image de l’enfant encore imprimée dans son esprit. Une fillette brune, vêtue d’une peau de loup. Elle en connaît une qui vit dans son village mais, allons, la petite doit avoir à peine douze ans… Elle a été élevée avec des valeurs de courage, de compassion et de tolérance. Une telle enfant peut-elle tuer une vieille femme puis s’amuser de son agonie ?
Les rêves étant ce qu’ils sont, l’image fugace de la monstrueuse enfant hilare s’estompe déjà. La vieille grogne, remonte sa couverture miteuse et tourne le dos aux sortilèges de la nuit.