Ray K.
Un 4/5 d'encouragement.
Après une pointe de doute à la lecture des dialogues fort plats des premières planches, je me suis laissé embarquer facilement dans cette aventure bien menée, qui renoue incontestablement avec les fondamentaux thorgaliens, même si le rythme retombe trop vite sur la fin sans apothéose, et qu'il manque l'un ou l'autre coup d'éclat.
Un tout grand bravo à Fred Vignaux qui a magistralement relevé le défi, mais je n'en attendais pas moins de sa part car il m'avait déjà conquit et rassuré depuis "La Montagne du temps". Je trouve qu'il s'est encore amélioré ici, tout en se rapprochant (mais sans mimétisme) du graphisme des albums de Rosinski avant sa période de peinture directe (depuis "le Sacrifice"), qui je dois l'avouer ne m'a jamais séduit. J'ai même honteusement boudé la couverture de Rosinski dans laquelle je n'ai pas reconnu le visage de mon héros, au profit du splendide dessin vibrant et rayonnant de Vignaux pour l'édition spéciale de la Fnac (que je recommande aussi sans hésiter pour la qualité de la finition de sa jaquette, son grand format et ses dessins préparatoires supplémentaires). Bon, par contre faudra espérer que le prochain scénario fasse la part belle à Aaricia, question que Fred puisse s'exercer à lui rendre sa grâce légendaire !
Au niveau du scénario, Yann s'en sort honorablement avec une trame narrative qui tient la route, en variant les ambiances et alternant les scènes d'action (trop peu, trop courtes), de découvertes (sans surprise), d'introspection (fort tirée par les neurônes) et de transition (en un éclair). Les nouveaux personnages sont intéressants, Yvarr, Cybèle, Kilda et Yngvi, mais on aurait apprécié une personnalité moins fade de l'ermite fou.
J'ai trouvé le rythme fort inégal, tantôt trop lent comme cette planche entière où Thorgal explique comment il a déplacé le rocher doré, tantôt expédié comme le "combat" d'une seule case entre notre héros et le "méchant" Yngvi.
Et pour finir cette ellipse incompréhensible: Thorgal jette Yngvi dans le profond ravin et quitte l'île en le tenant pour mort, mais celui-ci réapparaît soudainnement au sommet de la montagne, frais comme un gardon, et pousse le rocher d'or (qui pèse quand même 1000 Skeppunds) au fond de l'océan, et le revoilà ensuite tout écrabouillé (il a raté une marche en redescendant ?)
Allez, ne boudons pas notre plaisir, au bout du compte c'est l'album prometteur qui nous fait oublier la Bérézina "Aniel" et qui ne présage que du bon pour le prochain de cette nouvelle ère, et on s'impatiente déjà...