Cat
Si l'histoire se révèle un poil mieux resserrée que sur bien des opus précédents, elle n'arrive pourtant toujours pas à convaincre. Le scénariste ne parvient pas à surmonter les défauts de son écriture, tous ceux que l'on relève depuis des lustres et qui ont fini par lasser la fan de la toute première heure que je suis.
Nous avons le contenu didactique avec ses nombreuses notes de bas de page qui casse la lecture. Nous avons les personnages qui sont juste des têtes à claques dès qu'ils ouvrent la bouche ; pompon à Aaricia devenue bien antipathique à son tour, intolérante et gueularde (ce qui ne ressemble pas au personnage). "Qu'est-ce qu'on va pouvoir faire de toi... Tu dois bien pouvoir faire quelque chose de tes dix doigts." Hallucinant dans sa bouche et tellement méprisant, et ce n'est qu'un exemple. A noter que Jolan est toujours aussi inutile.
Özurr n'est pas crédible en frère aîné de Gandalf. Il paraît bien trop jeune. À l'époque de la mort de Gandalf (qui se situe entre le tome deux et le tome six, donc aux environs de la naissance de Jolan), ce dernier était déjà un homme d'un certain âge. Au mieux, la quarantaine. Özurr est parti trois décennies, ce qui lui met la septantaine, âge qu'il n'a visiblement pas visuellement parlant.
Cet Özurr peu crédible est une nouvelle occasion pour le scénariste d'à nouveau piller un peu de Van Hamme en convoquant le souvenir de Gandalf et Jorund.
Le manque de temporalité. Yann (et Vigneaux) nous propose maintenant des personnages qui semblent figés dans une temporalité fixe, trop jeunes pour les héros adultes, oubliant au passage cette particularité, rare en bd, qui faisait une des originalités de Thorgal : une famille qui vieillit.
Pour continuer, jamais on n'a de fin à certaines intrigues débutées il y a déjà un bout de temps, comme le grand projet d'Aniel pour citer un des plus récents, commencé au tome trente-huit. Le môme psychopathe, on le voit plus depuis le début dudit tome trente-huit et son grand projet n'est même plus évoqué dans ce dernier tome en date.
Et pour finir, Boréale parle d'un scan des souvenirs de Jolan (m'en rappelle pas) où son demi-frère n'apparaît pas. L'explication de Jolan : il l'a très peu connu. C'est vrai, mais quand même, il a fait un long voyage avec Aniel pour rentrer au pays et le gamin, il l'a retrouvé peu avant ce "scan" en tant que cause d'un sortilège qui a zombifié (façon de parler) sa mère, sa sœur et son village. Mais c'est sûr que tout ça, ce ne sont pas des souvenirs marquants.
Et non, ce n'est pas fini. Non, mais l'explication des pouvoirs absents de Thorgal, euh... lol, quoi. À cause du lait maternel !!!? Je ne sais pas s'il faut en rire ou en pleurer. Surtout qu'en plus, l'explication, on l'a depuis le tome sept et qu'elle n'a rien à voir.
Y a-t-il des qualités dans cet album ? Et bien, comme dit, il semble plus resserré dans son intrigue et puis on retrouve une aventure mettant en scène toute la famille.
Niveau dessin, je trouve que Vigneaux a fait un effort sur les personnages qui sont moins brouillons que dans les tomes précédents. Il reste le problème des physiques un peu trop jeunes visuellement.
Conclusion : vite lu, il sera vite oublié. Et je continue à ne plus acheter les Thorgal version Yann.