Cet entretien exclusif a été réalisé en mai 2022 par Tjahzi, membre émérite de la communauté de lecteurs du site Thorgal.com. Déjà auteur de deux entretiens pour le site (Roman Surzhenko en 2017 et Fred Vignaux en 2018), Tjahzi interroge cette fois-ci quelqu’un qu’il côtoie depuis de nombreuses années. La plupart des questions ont été posées par des lecteurs et lectrices, suite à une consultation dans le forum. De nombreux éléments du parcours de l’auteur sont en ligne dans le sujet dédié à l’escape game.
Bonjour Stéphane, tu es l’auteur de l’Escape Game Thorgal qui va paraître très prochainement. Qu’est-ce qui t’a donné envie d’écrire ce livre ?
L’idée remonte à loin, bien loin dans le temps… Je m’occupe du site Internet officiel consacré à Thorgal depuis des années. Ce site est un peu l’aventure d’une vie, pour son contenu mais aussi pour sa communauté de lecteurs et pour toutes les rencontres et expériences qu’il m’a permis de vivre.
À un moment, lorsque les auteurs originels de la série ont confié leur univers à d’autres auteurs, j’ai vu de nouveaux projets se bâtir autour des personnages de la série, de nouvelles idées, de nouvelles méthodes. J’ai commencé à avoir envie d’écrire et de créer autour des héros qui m’ont accompagné depuis mon enfance et tout au long de ma vie d’adulte. Ils comptent beaucoup pour moi.
Mes premiers projets datent de 2013 ! Mais je les avais gardés pour moi, c’était juste pour le plaisir de voyager avec Thorgal et Aaricia. En toute intimité.
Comment est née l’idée de réaliser un livre-jeu ?
Je navigue dans l’univers du jeu et de la bande dessinée depuis une vingtaine d’années. En observateur attentif plutôt qu’en tant qu’acteur. Écrire pour Thorgal, c’est un rêve qui me paraissait inaccessible. Du côté de la BD en tout cas. En 2018, j’ai eu envie de parler de mes idées et de mes projets auprès des personnes que je connaissais au Lombard. Au départ, il y avait plusieurs scénarios que j’avais écrits pour Thorgal, et un jeu de société. J’ai pu présenter un premier prototype de ce jeu à Grzegorz et Piotr Rosinski, j’en étais très fier ! J’ai aussi pu discuter avec l’éditeur autour des scénarios de BD sur lesquels j’ai travaillé.
Le projet de départ a donc bien évolué ?
Oui, notamment parce que je devais réussir à convaincre ! Alors, au fil des mois, je suis revenu avec un projet de « livre dont vous êtes le héros », puis un livre d’énigmes, un jeu de cartes. Une gamme complète. J’avais envie d’ouvrir la série à un autre public, notamment les joueurs et les joueuses, et de me glisser dans le trou de souris que ça ouvrait dans la muraille. Et puis, inventer des mécaniques de jeu, c’est passionnant, surtout quand elles sont basées sur un univers graphique et des histoires aussi riches. Le livre-jeu est un concept que j’adore. Il m’a semblé possible d’écrire pour Thorgal, sans que ce soit de la BD, mais il fallait trouver des idées susceptibles d’intéresser l’éditeur.
Pourquoi t’es-tu tourné vers Mango pour éditer le livre ?
Mes propositions ont été présentées à Mediatoon, la société qui gère les licences de séries BD comme Valérian, Spirou et beaucoup d’autres. Ils ont pensé à l’éditeur Mango qui a une gamme de livres-jeux et qui fait partie du même groupe d’édition que Le Lombard. On m’a proposé de rencontrer une éditrice de Mango pour discuter d’un projet d’escape game. Un livre-jeu dans l’univers de Thorgal ! J’étais ravi.
On connait les escape games classiques dans lesquels il faut s’échapper d’une pièce en moins d’une heure. Le concept est-il le même dans un livre d’escape game ?
Je l’avoue, je ne connaissais pas bien la gamme Mango. Élise, mon éditrice au début du projet, m’a fait découvrir les albums qu’ils ont publiés. J’en ai lu plusieurs pour m’imprégner de l’ambiance et des mécaniques de ces livres.
Il s’agit bien d’un jeu d’évasion, comme dans une « vraie » salle, mais jouable généralement en solo. On progresse dans le livre et dans l’histoire en résolvant des énigmes, en fouillant, en utilisant parfois du matériel inclus dans l’album ou une application en ligne. Le joueur a une heure pour atteindre la sortie. Des indices sont proposés pour débloquer les situations difficiles et les solutions sont aussi disponibles à la fin du livre, pour permettre d’aller au bout de l’aventure. Comme dans une salle.
C’est un peu comme si on passait de salle en salle en tournant les pages du livre ?
Tout dépend de l’histoire qui est racontée mais globalement on peut dire que c’est ça. Les salles sont remplacées par des pages ou des doubles pages, le joueur change de lieu en tournant les pages de l’album. Mais dans ces livres, changer de salle, ça peut signifier changer de planète, changer d’époque… Tout est possible.
On tombe également sur des énigmes à résoudre ?
Oui. Ce sont souvent des énigmes visuelles. On va observer la page, décoder un message, résoudre des énigmes logiques, suivre un labyrinthe, etc. Le texte et les illustrations sont complémentaires. Tout peut être utile dans une page !
Ce genre de livre est-il destiné à jouer l’escape game en live ?
L’expérience reste virtuelle, le livre ne fonctionne pas vraiment comme une salle. On a une heure pour remplir une mission. Ces histoires pourraient sûrement être adaptées pour être vécues en réel, mais cet album est plutôt conçu pour être joué dans un canapé, un train… n’importe où. On a seulement besoin d’un crayon pour prendre des notes.
Cela me fait penser à un livre dont vous êtes le héros. Est-ce qu’on s’en rapproche ?
Oui, un peu, parce que le résultat de chaque énigme est généralement un nombre qui permet de se rendre à la page où se trouve la suite de l’histoire. On navigue d’un bout à l’autre du livre, les pages ne sont pas lues dans l’ordre.
La grande différence avec le livre dont vous êtes le héros, c’est qu’ici le hasard est absent. Il n’y a pas de dés à lancer. L’histoire est aussi plus linéaire. A la fin, le joueur sera passé par toutes les pages du livre et aura résolu toutes les énigmes afin d’atteindre son but. Dans un escape book, le joueur ne peut pas éviter le danger ; chaque énigme est un défi à relever, on ne peut pas la contourner !
Faut-il s’y connaitre en escape game pour y jouer, ou cela reste accessible aux débutants ? Quel serait l’âge minimal des joueurs ?
Pour moi, le défi était aussi de rendre ces histoires accessibles à tous. J’espère y avoir réussi, les retours des joueurs seront importants pour pouvoir en juger.
La difficulté me semble assez corsée, mais les indices aident à progresser. Et faire appel aux solutions, ce n’est pas tricher. On ne laisse pas les gens enfermés dans les salles d’escape game ! L’âge idéal correspond à celui des lecteurs de la série, disons ado-adulte.
Les escape games classiques se pratiquent d’habitude en équipe. Est-ce aussi le cas pour un livre d’escape game ?
Il est possible de jouer seul ou à plusieurs, en lisant à voix haute. J’imagine que ce sera plutôt une activité solo, la plupart du temps. Mais il est tout à fait possible de tenter de résoudre les énigmes à plusieurs. C’est d’ailleurs ce qui a été fait pendant les tests.
Il y a trois aventures différentes dans ce livre. J’ai souhaité qu’elles aient chacune leurs particularités, on ne les joue pas de la même façon. La troisième aventure, « Le vaisseau perdu », doit obligatoirement se jouer à deux. L’un des joueurs incarne Thorgal et l’autre Jolan. Si on tente de jouer cette aventure en solo, je pense qu’on perd une grande partie de ce qui la rend originale et amusante.
Que trouve-t-on de particulier dans le livre ? Y a-t-il par exemple des éléments annexés ?
Eh bien, justement, il y a des fiches détachables qui sont utilisées pour l’aventure en duo. L’un des joueurs a le livre en main, l’autre reçoit des fiches qu’il peut consulter au fur et à mesure de sa progression.
J’ai aussi souhaité intégrer en fin d’album une section découverte destinée aux lecteurs qui ne connaissent pas Thorgal. J’ai vraiment envie que cet album, puis d’autres créations, aident la série à se faire connaître auprès d’un public qui ne lit pas forcément la BD. C’est l’un des aspects que j’ai mis en avant à chaque fois que j’ai présenté des projets au Lombard. Et je précise que ça a été mon choix, je l’assume complètement, personne ne me l’a imposé.
On a donc une présentation des personnages principaux avec de belles illustrations de Grzegorz. Il y a aussi deux pages qui font la promotion des albums de la série, et même un beau paragraphe qui invite à visiter Thorgal.com. C’était important pour moi et je remercie Mango d’avoir joué le jeu.
Y-a-t-il la possibilité de jouer plusieurs fois l’Escape Game avec des variantes ?
L’un des atouts de ce livre, c’est qu’il y a trois histoires, et qu’on va donc pouvoir passer trois soirées à explorer le monde de Thorgal. Mais bon, il reste assez rare de rejouer à un même escape game plusieurs fois. Je me suis posé la question au début du projet et j’ai essayé d’en tenir compte. La deuxième histoire, qui s’appelle « La colère du devin », a trois fins différentes. Tout dépend du parcours accompli. Les joueurs sont invités à retenter leur chance, s’ils n’ont pas réussi à découvrir tous les secrets de la montagne.
Thorgal est connu dans de nombreux pays. Le livre sera-t-il traduit dans plusieurs langues ?
Le contrat que j’ai signé prévoit cette éventualité ! Si ça se produit, j’en serai ravi. Honoré, même. J’adorerais découvrir cet album en polonais, par exemple, la langue maternelle des Rosinski. Avis aux éditeurs de l’est…
Stéphane, bien peu te connaissent alors que tu t’occupes du site Thorgal.com depuis tant d’années. Qui se cache sous le pseudo Thorgal-BD ?
Ah… Les habitués du site Thorgal savent que je parle peu de moi. Il faut sûrement avoir écumé longuement le forum pour en extirper quelques infos. Mmh… Disons que je travaille dans le milieu de l’éducation et de la formation. À la fois pour l’école primaire et à l’Université. Je réalise aussi des sites Internets et des logiciels, mais c’est devenu une activité secondaire parce qu’à un moment, il faut bien choisir !
Je vis pile au centre de la France, loin de tout et loin de rien. Les pieds dans l’herbe et la tête dans les nuages.
Mon nom apparaît en couverture de l’album, c’est à la fois une fierté et une forme d’inquiétude, pour quelqu’un qui est resté dans l’ombre pendant deux décennies. Vous ne me trouverez pas sur Facebook ou Instagram… Cet escape book ne va pas changer les bonnes habitudes [rires] ! Je ne vais pas me dévoiler particulièrement, ni me cacher non plus. Je m’engage désormais dans une démarche d’auteur. Je ne cacherai pas ma participation à mes futurs projets.
Ta passion pour Thorgal est déjà ancienne. Il parait que tu es tombé dans la marmite thorgalienne quand tu étais petit !
Ça, je peux le raconter, des journalistes ont réussi à m’arracher l’info à plusieurs reprises. Vous allez voir, c’est presque une relation intime, mystique [rires] !
J’ai failli mourir quand j’étais petit. Il me semble que c’était en septembre 1984. Hospitalisé plusieurs semaines, beaucoup de souffrance, un mauvais moment que je n’ai jamais oublié. Ma maîtresse de CM1 – que je venais de rejoindre – et celle de CE2 – que je venais de quitter – m’ont rendu visite. C’était une chouette surprise pendant ces moments difficiles. Les maîtresses d’école, c’est toujours chouette. Elles avaient choisi pour moi des nouveautés BD qu’elles ne connaissaient pas mais qui leur semblaient intéressantes pour un gamin de 9 ans. Avec de l’aventure et de l’action. L’une des deux m’a offert le tome 3 de la série Brunelle et Colin, « La nuit de la bête ». L’autre avait le tome 6 de Thorgal, fraîchement paru, « La chute de Brek Zarith ». C’était mon tout premier contact avec le monde de Thorgal et avec ce type de bande dessinée réaliste, plus adulte, plus complexe que ce que je lisais alors.
Les jours qui ont suivi, l’album a participé à mon rétablissement, il a fait partie des petites choses qui m’ont aidé à traverser ces semaines d’inquiétude et de souffrance.
Heureux que tu en sois sorti indemne ! Cette lecture fut une révélation pour toi ?
Pas vraiment ! Ou plutôt si, avec Brunelle et Colin. J’ai adoré cette série réalisée par Génin, Convard et Bourgeon, des grands noms. L’héroïne était belle, le héros amusant, les histoires prenantes. C’est resté une série particulière pour moi. Thorgal, par contre, je n’ai pas tout compris. Ce tome 6 est le dernier d’un cycle de trois albums dont je n’avais pas les clés. Il y avait beaucoup de morts, des gens peints en bleu, un méchant abominable… Dans les années 80, les gamins ne regardaient pas Buffy contre les vampires en jouant à Call of Duty. C’était plutôt Pac-Man et Les mystérieuses cités d’or. Je n’étais pas encore à l’entrée du bon wagon.
Mais j’ai lu et relu l’album de nombreuses fois en tissant avec lui des liens particuliers, qui en font mon tome préféré aujourd’hui. La princesse Aaricia était si belle et si forte. Thorgal était si charismatique, si valeureux. Au collège, j’ai emprunté tous les albums à la bibliothèque, dans le désordre le plus parfait.
Quelle relation entretiens-tu avec Thorgal depuis tout ce temps ?
C’est une série qui ne me quitte pas depuis près de 40 ans. J’ai utilisé les premiers salaires de mes boulots d’étudiant pour m’offrir les albums et les lire enfin dans l’ordre. C’est sûrement à ce moment-là que j’ai ressenti un déclic. Lorsque j’ai eu envie d’avoir une bibliothèque, Thorgal s’est imposé immédiatement, avec Gaston Lagaffe et deux ou trois autres héros incontournables. Comme une suite naturelle de mon parcours d’enfance.
Cette redécouverte chronologique, cet accès quotidien à la relecture, ça a joué aussi. J’ai commencé à étudier le dessin de Rosinski avec application, mais son travail est tellement hors norme qu’on comprend vite les limites de ce qu’on peut obtenir ! La seconde révélation est venue quand j’ai compris, notamment grâce aux autres séries qu’il scénarisait, que Jean Van Hamme est un génie de l’écriture grand public. J’ai essayé de décrypter son travail, de l’analyser et d’en faire émerger des grands principes, des fondamentaux. C’est une troisième relecture, en fait, tout aussi passionnante.
Cette passion qui ne t’a jamais quitté t’a finalement amené à gérer le site officiel Thorgal.com, ce n’est pas rien !
En 1999, j’ai eu envie de créer un site Internet axé sur la BD, à une époque où il n’y avait pas encore une profusion de sources. Là aussi, tout naturellement, Thorgal s’est installé dans le projet. Il a pris de l’ampleur, occupé l’espace, donné du sens. En 2002, j’ai cessé d’alimenter ce premier site pour lancer Thorgal-BD, un projet en ligne entièrement dédié à la série et à ses auteurs. Le site s’est développé sans cesse. Un forum en 2004, une refonte en 2008… En 2010, j’ai été contacté par l’éditeur Le Lombard, qui s’intéressait à mes travaux. J’ai commencé à fréquenter les gens qui font Thorgal tout autant que ceux qui le lisent. J’ai aussi eu la chance d’approcher la famille Rosinski, par l’intermédiaire de la fille de Grzegorz, Zofia, une personne formidablement attachante. Tout comme son père, pour qui j’ai beaucoup d’affection même si on se voit très peu.
Quelle place ce site entièrement dédié à Thorgal a-t-il pris dans ta vie ?
Certainement beaucoup trop de place ! Il représente des milliers d’heures de travail, de documentation, d’écriture, de codage, d’illustration, d’entretien. Au fil du temps, je ne cache pas qu’il y a eu des hauts et des bas dans ma motivation, l’investissement personnel étant resté très important en continu. On est arrivé à plus d’un demi-million de visiteurs annuels vers 2013. La communauté est restée active, dynamique, passionnée, malgré le départ de Jean Van Hamme. En 2014, Le Lombard m’a proposé de fusionner mon projet et le leur, au sein d’un site officiel dont on souhaitait me confier les clés. Thorgal.com est issu de tout cela, d’un cheminement lent et méticuleux.
Oui… Thorgal.com m’a beaucoup pris et m’a beaucoup donné. Je n’ai aucun regret, je n’en ai jamais. Mais, ces dernières années, j’ai eu envie de donner davantage de sens à cet investissement personnel. Je connais Thorgal dans ses moindres détails. Est-ce qu’être un « expert thorgalien » signifie quelque chose ? J’ai souhaité vérifier cela en ouvrant une nouvelle voie qui s’incarne aujourd’hui dans ce livre.
Stéphane, tu nous as parlé de la genèse de cet escape game. Mais au fait, quand as-tu commencé sa rédaction ? Et par quelles étapes es-tu passé ?
Les premières prises de contact avec les éditions Mango datent d’octobre 2019. J’ai pris le temps d’observer et analyser la « méthode Mango » en épluchant plusieurs albums de leur gamme, pour définir quelles sont les attentes de l’éditeur. En février 2020, je suis allé les voir avec trois propositions de scénarios pour qu’ils puissent choisir l’histoire qui leur semblerait la plus prometteuse. J’ai exposé les trois projets, en présentant les forces de chacun d’entre eux. Et ils m’ont dit que les trois scénarios leur plaisaient tout autant ! Au lieu d’un seul tome de 48 pages, on est parti sur l’idée de réaliser un gros recueil cartonné de 128 pages. Le défi d’écriture était multiplié par trois. Chouette !
J’ai signé le contrat en juin. Il m’a ensuite fallu un an pour écrire les trois histoires, imaginer l’ensemble des énigmes, tester, faire tester, ajuster. Jusqu’à l’été 2021. Le livre est alors parti en validation auprès des ayant droits. Après toute une série d’ajustements graphiques, il a pu être validé pour sa parution en mai 2022. Vous le voyez, le temps de l’édition est un temps plutôt long ! Mais je suis ravi. L’album est beau, et surtout, surtout, il est là.
Quels sont les défis que tu as dû relever pour écrire cet escape book ?
Le livre ne contient pas énormément de textes. Il a fallu que je me modère. Au départ, j’avais tendance à placer beaucoup plus de texte, davantage d’éléments d’ambiance, du jeu de rôle, des références à l’univers de Thorgal. Mais le format « escape book » de la collection ne fonctionne pas de cette manière. Il faut que ce soit tendu, rapide, efficace, pour que les joueurs ressentent la tension du moment et aillent à l’essentiel. Les éditeurs m’ont accompagné au cours de cette démarche d’écriture particulière qui m’a obligé à faire des concessions.
La conception des énigmes est un autre défi d’écriture. Je me suis beaucoup documenté pour tenter de cerner ce qui fait que des adultes ont envie de jouer. C’était intéressant, à la fois pour développer des compétences personnelles et professionnelles. J’ai aussi décortiqué différents escape books pour établir une typologie des énigmes. Fouille, labyrinthe, logique, mathématiques, codes, etc. Je voulais m’assurer qu’il y ait de la variété et que des joueurs plus chevronnés que moi y trouvent aussi leur intérêt. A partir de tous ces éléments, j’ai imaginé des énigmes que j’ai essayé de rendre originales et amusantes. Elles ont été testées pendant des semaines pour équilibrer la difficulté.
J’ai choisi trois cheminements différents, afin que chaque histoire propose une aventure aux contours uniques dans le livre. Mais pour toutes ces étapes, à chaque instant, les histoires que je voulais écrire pour Thorgal et sa famille restaient fondatrices, au cœur de chaque mécanique. Je partais de la scène que je voulais raconter et des personnages qui s’y trouvaient, et j’en faisais émerger une énigme. Thorgal n’est pas plaqué sur un corpus d’énigmes, c’est tout le contraire. C’était un travail complexe et passionnant.
Ton travail est donc très respectueux du mythe thorgalien. Les auteurs et éditeur de Thorgal ont-ils été consultés ?
J’aurais adoré travailler au plus près de Grzegorz Rosinski et Jean Van Hamme, pour ce projet comme pour d’autres, mais ça n’a pas été le cas. C’est un peu un regret, j’aurais sûrement pu les solliciter. Je n’ai pas osé, sûrement par peur d’un refus ou d’un manque d’intérêt. Ce n’est pas facile de se sentir légitime, alors je suis resté discret.
Mon interlocuteur a été l’éditeur Mango, tout au long de la réalisation de l’album, avec Élise dans un premier temps puis avec Ophélie, mes éditrices. J’ai aussi beaucoup échangé avec Mélanie et Rémi, les directeurs de collection. Le Lombard a été consulté, bien sûr, et la famille Rosinski a donné son avis et validé le projet. Les ayant droits ont fait évoluer la maquette au cours des derniers mois, le livre est devenu encore plus beau grâce à leurs interventions.
Alors pourquoi ne pas l’éditer directement au Lombard ? Et au fond, quel est l’apport de Mango, un éditeur plutôt orienté « bien-être » que « vikings sanguinaires » ?
Ah ! La question coquine. J’aurais adoré travailler avec Le Lombard, réaliser un album avec la maquette de la série Thorgal. Avoir un dos d’album identique à celui des BD, pour pouvoir le ranger au même endroit dans la bibliothèque ! Toutes mes propositions en format livre avaient cette ambition. Il y a eu un album hors-série, il y a quelques années, qui présentait joliment la collection des Mondes de Thorgal. Mon projet initial s’orientait vers la création d’une collection de hors-série sur ce modèle, avec du livre d’énigmes, de l’escape book, du livre dont vous êtes le héros et quelques autres idées que j’ai dans les cartons. Je suis partenaire du Lombard depuis plus de 10 ans. Tous les projets que j’ai présentés depuis plusieurs années, je souhaitais les faire avec eux. Pour l’instant ce n’est pas d’actualité mais je reste persuadé que c’est possible.
D’un autre côté, l’éditeur Mango a pu m’apporter son savoir-faire. Au moment de nos premiers contacts en 2019, cela faisait déjà trois ans que Mango s’était lancé dans le livre-jeu. Aujourd’hui, leur gamme s’est encore élargie, les jeux sont devenus un élément important de leur catalogue. C’est complètement dans l’air du temps. L’univers ludique est tout aussi dynamique et porteur que celui de la BD. J’ai même le sentiment qu’ils peuvent être complémentaires. Mango, je leur suis extrêmement reconnaissant d’avoir cru en ce projet et en ma capacité à le mener. Depuis que nous travaillons ensemble, ils ont montré une grande confiance en moi, une grande envie de travailler ensemble alors que je n’avais pas encore de références, d’ouvrages publiés. Ça compte beaucoup. Avant même d’avoir terminé ce premier projet, je leur ai proposé de nouveaux concepts, de nouvelles idées qui leur ont plu. Ce premier livre-jeu ne sera pas le dernier.
Le livre est-il une adaptation des bandes dessinées, ou plutôt un scénario original ? Les trois histoires pourraient-elles s’intégrer entre les différents récits de Thorgal ?
Dès le départ, il était clair pour moi que les histoires que j’allais raconter se dérouleraient à l’époque des aventures scénarisées par Van Hamme et illustrées par Rosinski. C’est ce que je recherche, je crois que c’est aussi ce que recherchent beaucoup de fans de Thorgal. Je ne me suis pas tellement posé la question, en fait, c’était évident pour moi.
Pour la première histoire, j’ai eu envie de repartir au pays Qâ, au sein du plus célèbre cycle d’albums de la série. Je me suis demandé ce que Thorgal avait fait entre le moment où il est entré dans la pyramide avec Tjall, et celui où il a rejoint Aaricia et Ogotaï tout là-haut. Le labyrinthe d’Ogotaï est un lieu de fantasme et de folie, tout peut arriver. Alors, puisque tout peut arriver, j’ai souhaité que Thorgal voyage dans l’espace et le temps. Il va retrouver différents temps forts de son parcours, en se lançant à la recherche d’indices qui lui seront remis par quelques-uns des plus fameux personnages de la série. J’espère que les fans seront à la fois surpris et contents à chaque fois qu’une nouvelle scène apparaîtra.
Retrouve-t-on d’autres personnages de légende dans la deuxième histoire ?
Pour la deuxième histoire, j’ai eu envie de changer complètement de point de vue et de style. Le héros de cette histoire est donc Kriss de Valnor ! J’ai trouvé intéressant que l’une des aventures propose une héroïne et un parcours complètement décalés. Kriss doit pénétrer dans des galeries occupées par une secte d’illuminés qui s’apprêtent à sacrifier son ami Sigwald-le-brûlé. Cette histoire est plus linéaire que les deux autres mais elle a plusieurs fins, car Kriss va profiter de sa visite pour tenter de trouver et voler les trésors de la secte. Le joueur a donc un objectif principal et plusieurs objectifs secondaires. On peut finir l’aventure sans avoir tout trouvé !
Dans la saga Thorgal, cette histoire prend place avant l’album « Les archers », avant notre première rencontre avec Kriss et Sigwald. Le ton est très différent de celui des deux autres aventures car Kriss est un personnage au profil très particulier. C’est amusant de jouer avec elle, avec son côté immoral et pragmatique.
La dernière histoire adopte-t-elle encore un autre point de vue ?
En fait, la troisième histoire est celle que j’ai écrite en premier. Je me suis inspiré de l’une des propositions de scénarios que j’avais présentées au Lombard en 2018. J’avais écrit quatre synopsis formant un cycle d’aventures se passant dans le présent de la série. Le deuxième tome de ce cycle réunissait Thorgal et son fils Jolan, dans une histoire qui leur permettait de se retrouver, de vivre un temps fort ensemble. Je ne vais pas tout raconter mais, dans les grandes lignes, le père et le fils étaient confrontés à un problème si grave qu’ils étaient contraints de retourner dans l’île des mers gelées, dans le vaisseau de leurs ancêtres, pour y chercher une technologie indispensable à leur survie. Évidemment, une fois entrés dans le vaisseau, les ennuis ne faisaient que commencer ! Je trouvais très amusant de faire resurgir ce vaisseau pris dans les glaces, dans un tout nouveau contexte. Et puis, écrire de la science-fiction, c’est le pied !
Tu as donc recyclé ton scénario dans cette dernière partie d’escape game…
J’ai eu envie de ressortir cette histoire pour cet escape book, mais avec une temporalité différente, puisque je souhaitais retourner à « l’époque Van Hamme ». J’ai transporté le récit au moment où la famille de Thorgal revient chez les Vikings du nord, disons vers l’album « Le maître des montagnes ». Jolan y est donc un très jeune enfant. Thorgal n’a pas de cheveux blancs ! Ils entrent dans le vaisseau pour des raisons intimes, une sorte de quête familiale. Mais après toutes ces années, il n’y a presque plus d’énergie. Le vaisseau se referme et devient un piège mortel…
C’est donc une histoire qui se joue obligatoirement à deux. Père et fils. Les deux personnages se quittent et se rejoignent régulièrement tout au long du périple. Ils doivent coopérer pour survivre dans un environnement hostile avant que les systèmes de survie ne s’éteignent.
Les trois histoires qui composent l’escape book croisent les scénarios de Jean Van Hamme. Ton idée était que cela reste canon avec l’univers thorgalien ?
Oui, complètement. Avoir une connaissance encyclopédique de la série, c’est à la fois totalement absurde et pleinement assumé. Pendant 20 ans, je me suis plongé dans les histoires, les personnages, les méthodes, chaque ligne de scénario. Chaque élément de mes histoires est à la place qui me semble être la sienne. Les fans jugeront, leur avis m’est précieux.
Par contre, comme je l’ai dit, j’ai dû resserrer le texte autour de l’essentiel. Je n’ai pas pu exprimer tout ce que j’aurais voulu dire, notamment dans les moments où l’émotion avait sa place. Un escape game est comme un film. C’est un temps d’action et de réflexion qui exige une certaine efficacité. La tension ne doit pas retomber car on joue aussi contre la montre !
L’un des points essentiels, quand on souhaite insérer une aventure entre deux histoires écrites par quelqu’un d’autre, est que cela se fasse sans heurt, tout naturellement. Mes trois récits utilisent des personnages que je n’ai pas créés, mais ils ne modifient rien. Ni leur parcours, ni leur personnalité. Qui peut prétendre pouvoir faire mieux que Jean Van Hamme ? Je peux quand même dire qu’en cherchant bien, on trouve un petit élément dans l’une des histoires qui sort un peu de la ligne originelle. Je laisse les lecteurs le trouver, c’est une petite énigme de plus.
Comment as-tu choisi les titres les trois aventures ?
Oh, je me rends compte que je ne les ai pas tous cités…
Il était important pour moi que ces histoires aient des titres « à la Thorgal ». Le titre doit à la fois refléter le contenu du livre et délivrer un certain mystère, une tension. L’histoire située au pays Qâ s’appelle « Le labyrinthe d’Ogotaï », celle avec Kriss est « La colère du devin » et l’histoire à jouer en duo est « Le vaisseau perdu ». Je voulais que ces titres s’inscrivent dans la tradition de la série, j’espère que les lecteurs et les lectrices les trouveront appropriés. Et intrigants, attractifs.
On parle de l’intégration à l’univers thorgalien, mais j’espère aussi réussir à intéresser les non-lecteurs de la série. Le chapitre qui présente les personnages et les albums, à la fin du livre, participe à cette envie. J’ai essayé d’adapter les textes pour ceux qui ne connaissent pas du tout cet univers, avec quelques paragraphes d’introduction qui plongent les joueurs au plus vite dans la mêlée.
Comment se fera la promotion du livre ? On a déjà une idée des dates de la tournée pour les séances de dédicaces de l’auteur ?
[Rires] Encore une question coquine ! Je ne suis pas sûr que Mango organise des tournées promotionnelles pour ses auteurs. La promotion de l’album s’annonce très sage. J’avais quelques idées mais ça n’a pas pu se faire, alors le site Thorgal.com sera l’organe promotionnel n°1 ! Il y aura une « page compagnon » en ligne avec une ou deux énigmes, des ateliers, des infos.
J’espère que l’album aura un peu de visibilité dans les salles de jeu, je ne sais pas. Le côté commercial m’échappe un peu, par rapport au reste. Je n’ai pas trop d’idées sur la question.
Je trouverais très sympa d’aller dédicacer des albums dans des festivals, ce serait marrant. Je dessinerais des bonhommes avec des casques à cornes.
Arrivé au terme de ce long travail de conception et d’écriture, est-ce que le résultat final te satisfait ?
Oui, ce premier projet a été une formidable expérience. Avec des hauts et des bas, un vrai combat dans le bon sens du terme. Il semblait tellement improbable que je puisse scénariser un jour une histoire de Thorgal.
J’ai promis des choses aux gens qui m’ont fait confiance. J’espère avoir rempli mon contrat auprès d’eux.
Du côté des illustrations, on découvre en couverture Thorgal et Kriss de Valnor dessinés par Grzegorz Rosinski. Tu as utilisé beaucoup d’images provenant des albums ?
J’adore Grzegorz Rosinski. Profondément. J’ai eu la chance de le côtoyer pendant quelques années. J’ai pensé à lui tout au long du projet en me disant, il faut que ça lui fasse plaisir, il faut qu’il trouve ça bien ! J’ai fureté dans les albums à la recherche d’images qui seraient de bonnes illustrations pour les situations que j’inventais. Au final, les images viennent de 13 albums différents. Ça va de « L’île des mers gelées », le tome 2, jusqu’à « La forteresse invisible », le tome 19. Lorsque c’était possible, j’ai utilisé des images issues des albums pour les énigmes elles-mêmes, en les détournant de leur fonction première. Les fans pourront s’amuser à chercher de quels albums viennent ces illustrations. C’est une grande chance d’avoir eu l’accord des ayant droits pour un tel détournement.
Un autre illustrateur, Adrien Tardy, est mentionné en couverture du livre. Quel a été son rôle dans la réalisation de l’escape book ?
Pour la plupart des énigmes, il était nécessaire de créer des visuels spécifiques avec de belles illustrations en pleine page. Mon éditrice m’a proposé de travailler avec Adrien Tardy, qui est devenu mon camarade créatif sur ce projet. Adrien a un style radicalement différent de celui de Grzegorz. C’était voulu, afin de ne pas mettre en concurrence deux dessins qui seraient à la fois proches et foncièrement différents. L’autre avantage, avec Adrien, c’est qu’il maîtrise les codes de l’escape book puisqu’il en a réalisé plusieurs pour Mango. Il savait comment organiser les pages, comment mettre en valeur ou au contraire cacher les éléments, comment éviter les mises en page qui fonctionneraient sur un écran mais pas dans un livre. Son expertise a été hyper importante.
Je lui ai proposé d’ajouter des textures, du grain, du tissu. J’avais besoin que ses images aient un côté minéral, qu’on puisse les toucher du doigt. Il s’est efforcé de le faire pour répondre à mes attentes.
Tiens, j’ai une anecdote que je pense intéressante pour démontrer l’implication d’Adrien. Pour choisir les couleurs que l’on retrouve dans l’escape game, il s’est basé sur les cases emblématiques des albums de Grzegorz. Les teintes violettes du vaisseau viennent de « L’île des mers gelées », par exemple (l’ancienne version, avec les couleurs originelles).
Comment as-tu collaboré avec Adrien ?
J’avoue avoir été assez directif. Pour chaque énigme, j’ai réalisé une esquisse très poussée. Visuellement, on dirait des dessins d’enfant de 8 ans. C’est la honte. Mais ça m’a permis de montrer ce que je recherchais. Généralement, j’ai accompagné cela d’un texte décrivant l’ambiance, et d’une liste des illustrations pouvant servir d’inspiration, dans les albums.
A chaque fois qu’Adrien m’envoyait un nouveau dessin, c’était Noël.
Trouvera-t-on des dessins inédits de Rosinski ?
Argh, tu es cruel ! [Rires] J’ai l’impression qu’on touche à l’inaccessible. Ça aurait été le rêve absolu. Tiens, si j’ai deux rêves en matière d’édition, ce serait d’éditer un album dans l’univers de Thorgal – c’est fait ! – et d’avoir une couverture réalisée par Grzegorz Rosinski. J’ai franchi les montagnes qui me séparaient du premier. Pour le second, il faut grimper sur l’Olympe !
Outre Adrien Tardy, quels étaient les autres intervenants dans le projet ?
Je pense avoir cité tout le monde. La maquette a pas mal évolué au cours des derniers mois, sous l’impulsion de la famille Rosinski qui a jeté un œil attentif à cet album au cours des étapes finales.
J’ai beaucoup de reconnaissance envers Élise, l’éditrice qui est venue me chercher. Elle a montré d’emblée une confiance qui m’a fait du bien. Elle a lu tout ce que j’ai écrit, y compris mon livre dont vous êtes le héros.
As-tu pu garder le contrôle sur ton projet ?
Après une phase d’adaptation, le cahier des charges imposé par Mango m’a convenu. Il était normal que j’adapte mon projet au style de la collection. Par la suite, j’ai dû retoucher ou changer plusieurs énigmes en fonction des retours que me faisaient les spécialistes qui les testaient. Ça ne m’a pas vraiment frustré. J’avais besoin d’être piloté pour ne pas proposer quelque chose d’injouable.
Du côté de l’univers Thorgal, clairement, on m’a laissé carte blanche. Personne n’est intervenu à aucun moment pour me demander de modifier ou retirer ce que je proposais. J’ai retrouvé la liberté dont je jouis lorsque je réalise le site Thorgal.com.
Cela semble idyllique… Rien de ce que tu souhaitais n’a dû passer à la trappe ?
Pas grand-chose en fait. L’album atteint un équilibre entre mes attentes et celles de la collection dans laquelle il s’inscrit. Est-ce qu’il y a des regrets ? Peut-être de n’avoir pas davantage joué sur le côté viking du personnage, aucune des trois histoires ne navigue dans cette direction.
Si j’ai un souhait désormais, c’est que l’album arrive dans la boîte aux lettres de Jean Van Hamme et de Grzegorz Rosinski. Mon second souhait serait qu’ils le trouvent correct. Ah, et attends, on a droit à trois souhaits normalement ! Mince, je n’ai plus d’idées.
Quelle expérience positive retires-tu de tout cela ?
Je voulais savoir si c’était possible. Être auteur, c’était envisageable, mais mes projets se tournaient systématiquement vers Thorgal. C’est une série patrimoniale, mythique. Je me suis battu pour ça. Quand les choses sont faciles, on n’apprend rien, on ne progresse pas. J’ai aimé mener cette bataille.
Et quels sont tes autres projets Thorgal en cours ?
Je ne ferai pas que du Thorgal ! Mon plus gros projet sort en fin d’année 2022. Il s’agit d’un jeu de rôle qui ouvre une toute nouvelle collection chez Mango. J’avais depuis longtemps en tête un concept qui me paraît innovant. C’est un jeu de rôle complètement clé en main ; on ouvre la boîte, on sort le matériel et on peut jouer immédiatement. En général, un jeu de rôle demande beaucoup de préparation et d’implication. Le pari sera différent avec cette gamme.
Je l’avoue, au départ je voulais situer mon projet dans un univers BD et gratter du côté du Lombard… Un vrai monomaniaque ! Tu imagines, jouer avec des amis dans le monde de Thorgal, croiser Pied-d’arbre et la gardienne des clés en résolvant des énigmes et en combattant des Vikings ? Ça aurait été cool. Mais là ce sera très différent. J’ai écrit deux histoires de science-fiction au sein d’un univers original. Une aventure multijoueur et une autre qui se joue en solo ou en duo. J’ai trouvé un illustrateur extraordinaire qui a fait un boulot incroyable. Ça s’appelle « La chute de l’étoile mourante ». Un an et demi de préparation, le travail d’écriture a été d’une complexité sidérante et j’ai été gravement malade pendant sa réalisation, alors… je crois que j’en suis encore plus fier que de mon escape book !
Pour revenir à ta question, je continue de travailler sur mes quatre scénarios de Thorgal, pour aller au bout de mes idées, et j’ai toujours envie de réaliser un livre d’énigmes, même si ces projets ne sortent jamais de mon bureau. Je dois aussi commencer à écrire un nouveau jeu de rôle dans la gamme dont je viens de parler. Mais surtout, j’ai un nouveau projet d’édition qui sort peu avant Noël. C’est un concept sur lequel je travaille depuis trois ans et pour lequel j’ai trouvé un éditeur partenaire enthousiaste. Et ce sera du Thorgal ! Je ne peux pas en dire plus mais promis, on en parle bientôt.
Stéphane, je te remercie pour cette plongée dans ton univers créatif. J’espère que les membres du forum auront trouvé réponse à leurs nombreuses questions. Il ne leur reste plus qu’à se lancer dans l’escape game Thorgal !
Merci à toi Tjahzi, ainsi qu’à tous les gens qui ont posé des questions et ont voulu en savoir plus sur ce projet. On se retrouve pour le prochain ?
Avec plaisir ! En attendant, nous aurons certainement l’occasion de te croiser sur Thorgal.com.