Avec l’accord de l’auteur et de l’éditeur, voici 40 pages de la monographie Rosinski, sélectionnées par Patrick Gaumer. Beaucoup d’entre elles sont exclusives au site Thorgal.com !
Nous ouvrons le livre sur l’enfance de Grzegorz Rosinski. Une enfance bâtie sur les ruines de la deuxième guerre mondiale, et les bouleversements économiques et politiques qui ont suivi. Au cœur de l’Histoire, une autre histoire, celle d’un petit garçon polonais et de sa famille (cliquez pour agrandir les images).
Le jeune Grzegorz découvre la bande dessinée, dans un journal francophone diffusé à l’est. Un premier contact déterminant, et déjà de premiers choix, puisque le petit garçon semble davantage attiré par le trait et la mise en image que par l’histoire racontée, dans une langue qu’il ne connaît pas.
Chaque chapitre de la vie de l’artiste est accompagné par l’histoire de son temps. Passionné par l’image, Rosinski adolescent est aussi photographe. Une passion qu’il partage avec nous et qui nous aide à remonter le temps.
Et vient l’époque des premiers travaux, des premiers dessins publiés. Avant d’entrer aux Beaux-Arts à Varsovie, Rosinski participe à plusieurs journaux scouts avec des travaux variés et, déjà, de la BD.
Après plusieurs années essentiellement consacrée à l’illustration (notamment de manuels scolaires), Grzegorz se tourne à nouveau vers la bande dessinée. Il réalisera notamment 11 épisodes de Kapitan Zbik, série policière très populaire en Pologne.
Le chapitre suivant de la monographie revient sur les travaux d’illustration réalisés par Rosinski. Une carrière parallèle qui démarre dès ses premières années d’auteur et se poursuit, dans ce chapitre, jusqu’à la fin des années 80.
Pochettes de disques, affiches ou cartes postales, il a tout fait. En Pologne, en Belgique, en Suisse.
Multipliant les approches artistiques et les rendus, Rosinski réalise notamment des manuels scolaires et des livres de vulgarisation scientifique. Une grande fierté, des milliers d’enfants polonais ayant grandi et appris avec des illustrations de l’auteur dans leurs mains.
Le chapitre suivant évoque les premiers voyages de Rosinski en occident, ses premiers contacts avec les éditeurs francophones. Une série de rencontres et d’échanges qui mèneront à la plus importante, pour nous lecteurs de Thorgal, celle de Jean Van Hamme. Ensemble, ils vont créer l’un des héros les plus populaires de la BD franco-belge.
Dans la monographie, 100 pages sont consacrées à Thorgal, de sa genèse bruxello-varsovienne au départ de Van Hamme. Les anecdotes y sont nombreuses, les deux auteurs n’étant d’ailleurs pas toujours d’accord. Deux égos qui se complètent malgré l’éloignement, les frontières, les barrières d’une langue et d’une culture différentes. Une alchimie qui va conquérir des dizaines de milliers de lecteurs.
Le chapitre Thorgal se referme sur le passage du dessinateur à la couleur directe, et sur le départ de Jean Van Hamme. Une page se tourne mais celles de Thorgal vont continuer à s’écrire. Et à se peindre.
Après un chapitre consacré à Hans, autre série que Rosinski dessinera pour André-Paul Duchâteau, on retrouve un Rosinski plus intime, plus grave aussi. Le chapitre « Go West ! » relate les mois où tout a failli s’arrêter, quand la Pologne sous loi martiale ne permet plus au dessinateur de travailler avec la Belgique. Un départ, une déchirure, et une famille soudée qui suivra l’auteur dans son exil.
D’autres créations de Rosinski sont bien sûr à l’honneur. Le Chninkel bien sûr, mais aussi La complainte des landes perdues dont l’héroïne, Sioban, reçoit les traits d’un amour d’enfance. Des traits que l’on retrouve avec un autre de ses personnages, Lehla.
Autres œuvres plus récentes de Rosinski, Western et La vengeance du Comte Skarbek ont permis au dessinateur de s’évader quelques temps de la « routine » thorgalienne, et surtout de s’essayer à d’autres techniques picturales, le temps d’un ou deux albums. Des précurseurs, avant le passage à la couleur directe.
Skarbek, une histoire bâtie sur mesure pour Rosinski par Yves Sente, qui mêle souvenirs de Pologne et milieu de l’art au XIXème siècle.
A partir de là, Yves Sente va s’imposer au sein de la famille thorgalienne, au point de remplacer Jean Van Hamme au scénario de la série Thorgal. Il scénarise également Kriss de Valnor, l’une des séries des Mondes de Thorgal.
L’avant-dernier chapitre de la monographie s’ancre dans l’actualité de l’auteur, avec notamment de belles reproductions de toiles réalisées pour un musée bruxellois, des toiles réalisées peu après le décès de l’épouse de l’auteur. Un drame familial qu’il partage avec nous.
Le présent de l’auteur s’inscrit au cœur d’un projet pluriel, celui des Mondes de Thorgal. Grzegorz Rosinski réunit autour de lui une équipe d’auteurs chargés de faire vivre Thorgal au-delà de ses auteurs originels.
Le papa de Thorgal s’est quand même gardé une friandise, les couvertures des albums des Mondes. Peut-être son exercice préféré.
Nous refermons le livre avec ces deux dernières pages, qui exposent des portraits réalisés par l’auteur, un jeu auquel il convie certains de ses invités. Il n’y a pas le mien, malheureusement. Peut-être dans la monographie – tome 2 ?
Voilà, 40 pages parcourues, mais seulement 10% d’un ouvrage incontournable pour les amoureux du travail de Rosinski, un livre que je vous invite à déguster en entier.