Une nouvelle version de l’intégrale Niffle est publiée à partir de 2017. Le premier tome, en avril, propose une maquette et un contenu très différents de ceux de la première intégrale. Il s’agit bien d’un nouveau projet, avec de nouvelles ambitions.
Grand format
Cette édition inédite pèse son poids ! Son format y est pour beaucoup, 27 cm par 34, contre environ 22 cm par 30 pour un album de l’édition classique. A cela, il faut ajouter un papier épais, opaque, et six albums au menu — au lieu des quatre de l’intégrale précédente. Alors que la première intégrale Niffle se rapprochait du livre, au sein d’une collection plus vaste, cette nouvelle édition se rapproche plus du livre d’art, prête à martyriser les étagères de la bibliothèque. Et à nous en mettre plein les yeux.
La couverture du premier volume est singulière. Elle annonce aussi son ambition : le noir et blanc, l’image, la case, rien que cela.
Elle affiche ainsi en pleine page une vignette extraite de l’album « La chute de Brek Zarith », avec une ambiance clair-obscur intéressante, mystérieuse. Dans un couloir sombre, Thorgal, une corde à la main, semble se cacher de gardes à la posture étrange. Cette scène extraite d’un temps fort de l’album, lorsque le héros prend d’assaut une forteresse à lui tout seul, est aussi un bel exemple du minutieux travail de dessin et d’encrage de Grzegorz Rosinski. Ça commence bien !
Seul petit écart de coquetterie, le titre « Thorgal » sur la première de couverture et sur la tranche est rehaussé et teinté d’un orange brillant.
Au dos de l’album, on trouve une planche située bien plus tôt dans l’album que la case de couverture. Malgré cela, les deux s’enchaînent très naturellement, la planche étant un prélude tout à fait crédible à la case. Ici aussi, la maquette minimaliste ne s’intéresse qu’au dessin et à l’histoire qu’il raconte.
Touche de couleur
Sous la jaquette, le livre affiche un orange foncé qui se marie bien avec le blanc et le noir. Les images de la jaquette y sont reproduites à l’identique. On trouve également sur la jaquette un texte introductif largement inspiré de ceux qui accompagnaient la première intégrale, en 2002-2003.
Annoncé fièrement sur un macaron collé sur le blister qui entoure l’album lorsqu’il est neuf, un ex-libris est offert, glissé à l’intérieur de l’intégrale. Très joli et de belle taille, il reproduit l’illustration de couverture du magazine Tintin du 1er février 1983, qui annonçait la publication de « La chute de Brek Zarith ». Les couleurs de l’ex-libris sont éclatantes. Même s’il s’agit du seul supplément accompagnant l’intégrale, il est de belle qualité.
A l’affiche
La page de titre est encore plus épurée que la couverture ! Elle annonce que cette intégrale ambitionne de proposer à terme les œuvres complètes de Thorgal. Une affaire à suivre.
Les albums qui composent ce premier volume y sont listés. Il y a donc ici « La magicienne trahie », « L’île des mers gelées », « Les trois vieillards du pays d’Aran », « La galère noire », « Au-delà des ombres » et « La chute de Brek Zarith ». Miam.
Si vous apercevez sept noms sur la photographie ci-dessus, c’est parce que l’histoire « Presque le paradis… », issue du premier album de la série, a pour la première fois droit à une parution à part entière, à égalité avec les autres aventures de Thorgal. Elle a été placée à un endroit cohérent pour sa publication, c’est à dire entre les tomes 2 et 3 de la série, afin de permettre au cycle de Slive la magicienne d’être publié dans sa continuité. On peut noter qu’on retrouve ainsi l’ordre originel de réalisation et de publication de ces histoires, puisque « Presque le paradis… » a été écrit et dessiné après les deux histoires où Slive et Gandalf apparaissent. Une bonne idée qui donne de l’originalité au début du volume et qui montre que les concepteurs de cette intégrale se sont attaché à soigner les détails.
L’ancienne intégrale ouvrait chaque album avec une reproduction en noir et blanc de son illustration de couverture. Ici, c’est nettement plus sage.
En noir et blanc
Pour les fans de Rosinski, la suite est du pur bonheur. Les planches en grand format noir et blanc offrent une lecture différente. L’œil s’attarde sans cesse sur les détails du dessin, sur les choix d’encrage, sur la construction de la page, sur la gestion de la lumière.
Le papier est de belle qualité, avec une bonne opacité, afin d’éviter que les cases du verso ne grisent trop les zones blanches du dessin, par transparence. Sur ce point, c’est du presque parfait, avec une belle sensation de qualité quand on manipule les feuilles.
Avec ces marges étroites, on ne se moque pas du lecteur ! Le grand format est pleinement exploité. On redécouvre à quel point le travail de Rosinski est qualitatif, dès les premières pages de la série.
A part l’ex-libris mentionné, il n’y a aucun supplément dans cette intégrale. Le dessin, rien que le dessin.
Vendu au prix raisonnable de 49 euros, ce premier tome de l’intégrale a été rapidement suivi d’un autre, puisque le second volume est sorti en fin d’année 2017, avec sept albums à son bord, histoire de couvrir tout le cycle de Qâ. Un troisième tome, paru en août 2018, a proposé les quatre albums suivants, des histoires individuelles cultes. Le quatrième tome (en avril 2019), puis le cinquième (en avril 2020) ont complété la collection.
On peut noter que l’album « Alinoë », dans le 2ème volume, a bénéficié d’une restauration fabuleuse et inédite, à partir des planches originelles, ce qui a permis de dévoiler pour la première fois l’exceptionnel travail de Rosinski sur cet album. Dans les années 80, les techniques de reproduction n’avaient pas permis de restituer la finesse des tracés (voir l’atelier de la fiche de l’album « Alinoë »). A noter également, le dernier tome de l’intégrale propose l’album « Le sacrifice » en couleurs directes, sans l’encrage des bulles et des contours de cases. Un album en couleurs, donc, au sein d’une intégrale en noir et blanc !
Pour finir, voici une vidéo de présentation proposée par l’éditeur. Comme si vous y étiez.