Voici un entretien exclusif avec Mathieu Mariolle, réalisé en juin 2015, peu avant la parution de « L’île des enfants perdus ». Vous pouvez retrouver et commenter cet entretien sur le forum — cliquez ici — illustré avec d’autres documents.
Thorgal.com : Bonjour Mathieu, c’est un plaisir de vous rencontrer pour parler de « Kriss de Valnor », la série des Mondes de Thorgal consacrée à l’ennemie intime de Thorgal. Vous êtes le nouveau scénariste des aventures de Kriss, vous travaillez actuellement sur le 6ème album. Comment avez-vous été contacté pour devenir auteur de la série ?
Mathieu Mariolle : Bonjour et merci pour cette interview. Je tiens à préciser que je ne suis pas le seul scénariste des aventures de Kriss de Valnor, j’ai la chance de les écrire avec Xavier Dorison, qui est aussi désormais le scénariste de la série mère.
Xavier a l’habitude des collaborations scénaristiques (avec Fabien Nury, Alex Alice ou Emmanuel Herzet), il avait envie d’être accompagné par un co-auteur pour faire vivre Kriss. Nous nous connaissons depuis des années, nous échangeons régulièrement sur nos albums en cours, sur nos problèmes de scénaristes, nos envies à venir, nous nous conseillons des films et des livres. Mais nous n’avions pas encore trouvé l’occasion de collaborer ensemble sur un album.
Xavier a pensé à moi et m’a appelé pour me proposer d’écrire la suite des aventures de Kriss avec lui et j’ai dû hésiter un très long millième de seconde avant d’accepter avec un grand sourire.
Thorgal.com : Êtes-vous lecteur de Thorgal, la série a-t-elle une place dans votre bibliothèque, dans vos lectures de jeunesse ou d’aujourd’hui ?
Mathieu Mariolle : Thorgal a toujours fait partie de mes lectures. Mon père m’en avait offert plusieurs tomes quand j’étais enfant, j’ai commencé à les lire autour de 8-9 ans. Thorgal a toujours été un personnage majeur dans ma construction personnelle en tant que lecteur de BD. Et je les ai découverts dans un désordre total, comme cela avait été le cas pour des séries historiques comme Spirou ou Astérix.
Ensuite, pendant un long moment, je n’ai plus lu Thorgal, j’ai beaucoup plus lu de comics ou de mangas. Mais j’y suis revenu assidûment quand j’ai commencé à écrire de la BD il y a un peu plus de 10 ans, autour de mes 25 ans. Là, j’étais plus dans une démarche analytique de l’œuvre.
Jean Van Hamme est un maître de la construction scénaristique et j’ai décortiqué beaucoup de ses albums, comme je l’ai aussi fait pour d’autres auteurs qui ont compté pour moi. Il existe peu de formations pour être scénariste de BD, donc analyser des albums pour comprendre les mécaniques de scénario est un très bon apprentissage.
Depuis, je les relis régulièrement. Comme Blueberry ou Astérix, Thorgal fait partie des séries historiques que j’ai toujours autant de plaisir à relire. Les connaissant très bien, je les relis dans le désordre, parfois juste pour retrouver une séquence ou une page qui me tient à cœur.
Thorgal.com : Y a-t-il un album, des personnages, une scène, qui vous ont particulièrement marqué ?
Mathieu Mariolle : L’album qui ma le plus marqué est le premier que j’ai lu, « Les trois vieillards du Pays d’Aran ». Je l’ai lu assez jeune et il m’a tout de suite fasciné. Il y a tout l’ADN d’une grande histoire thorgalienne : de l’aventure, des sentiments, des méchants fascinants, cet entre-monde étrange et sa gardienne des clés, des révélations qui m’avaient surpris et marqué.
Je repense régulièrement à cette scène à la fin de cet album où Thorgal jette l’eau par terre, condamnant ainsi les vieillards, qui se transforment en poussière. Elle m’avait beaucoup marqué à l’époque et reste un des moments forts de jeune lecteur.
Après, l’histoire fait bien les choses, le personnage que j’ai toujours adoré dans Thorgal, c’est Kriss de Valnor ! Comment ne pas l’aimer ? Elle est belle, sauvage, elle ose dire tout ce qu’elle pense, tout ce que nous, nous nous retenons de dire. Et j’ai une vraie admiration pour le cycle du pays Qâ, dont les quelques albums qui le composent sont de grands moments de bravoure graphique et scénaristique !
Thorgal.com : Justement, du lecteur au scénariste, comment êtes-vous devenu auteur de BD ?
Mathieu Mariolle : J’ai toujours écrit des histoires. De l’enfance à l’adolescence. Des nouvelles, des scénarios de films ou de jeux. Pour moi ou des amis, sans ambition de les publier un jour.
Et puis un jour, du fait de lire de la BD depuis des années, je me suis dit que ça pourrait être amusant d’en imaginer une. Ne sachant pas dessiner, j’ai cherché des collaborateurs potentiels sur Internet, dont j’aimais le travail. Cette obligation de collaborer était primordiale dans mon envie de devenir auteur : l’attrait de la collaboration, du travail à deux était plus fort que les réticences (« ai-je vraiment des choses à raconter ? ») et les doutes (« quelle légitimité ai-je à vouloir raconter des histoires ? »).
J’ai proposé quelques histoires à de jeunes auteurs de talent et au bout de quelques pages, nous avions des projets excitants et intéressants. Coup de chance, les trois ont été acceptés dès leur présentation à des éditeurs et publiés quelques mois après (il s’agissait d’une série de fantasy, « Pixie » et d’un polar fantastique, « Smoke City », tous deux publiés chez Delcourt et d’un polar noir « De Sang Froid », publié chez Bamboo).
Thorgal.com : Avez-vous des modèles, des auteurs qui vous ont donné envie de faire de la BD ?
Mathieu Mariolle : Les deux premiers auteurs dont j’ai adoré le travail, que j’ai lu et relu, dont j’ai analysé les pages et scruté leurs bibliographies sont Jean-Michel Charlier et André Franquin, dans des genres très différents. Blueberry a été l’autre grand héros de la BD franco-belge qui m’a longtemps suivi en tant que lecteur.
Après, il y a une poignée d’auteurs qui m’ont donné envie d’écrire et de continuer à essayer de faire de la BD. Dans ma bibliographie comme dans mes goûts de lecteur, je suis très éclectique, donc mes modèles vont de Bill Watterson (« Calvin et Hobbes ») à Naoki Urasawa (« Monster » et « 20th Century Boys ») en passant par Alan Moore (« V pour Vendetta » et « Watchmen »)… De tous, j’essaie de tirer quelques leçons, quelques enseignements.
C’est la lecture de « Sanctuaire » (écrit par Xavier Dorison) il y a un peu plus de 10 ans qui m’a redonné le goût de découvrir de la BD franco-belge, puis d’en écrire. Donc rendons à Xavier ce qui est à Xavier, je suis très admiratif de son travail, de sa minutie, de ses choix de carrière, des thématiques qu’il va développer.
Xavier est en ce moment l’auteur qui se rapproche le plus d’un modèle, avec son « partenaire de crime » habituel, Fabien Nury.
Thorgal.com : Vous avez déjà scénarisé de nombreux albums, dans des univers très variés. Pour vous, en quoi Thorgal et son monde sont-ils particuliers ?
Mathieu Mariolle : C’est vrai que j’ai eu la chance jusqu’à maintenant de pouvoir évoluer dans de nombreux genres différents, de m’essayer à beaucoup de registres nouveaux. Plonger dans l’univers de Thorgal est spécial pour deux raisons majeures.
C’est d’une part un univers à part, un mélange d’aventure viking, de saga familiale, de fantastique, de merveilleux, de science-fiction. Jean Van Hamme y a mis beaucoup d’envies, il a étiré l’univers dans de nombreuses directions, tout en lui conservant une véritable cohérence. C’est comme se faire offrir un coffre à jouet qui serait infini !
D’autre part, c’est un univers dans lequel j’ai pu évoluer longtemps en tant que lecteur et qui compte justement énormément de lecteurs et d’attente autour des albums. Donc j’ai déjà pu en faire une certaine « analyse » : je sais ce que j’y ai aimé en tant que lecteur, je peux donc définir une direction, une voie vers laquelle tendre, qui va faire plaisir au lecteur et au scénariste en moi.
Thorgal.com : Avez-vous une approche différente, notamment parce qu’il s’agit d’une reprise dont l’histoire est en cours ?
Mathieu Mariolle : Comme je le disais juste avant, j’ai envie de satisfaire le lecteur que j’étais de Thorgal mais j’ai aussi envie d’apporter un peu de modernité à l’univers. En cela, Xavier et moi avions dès le début envie d’aller vers un découpage plus cinématographique, vers des sentiments forts, d’aller toujours chercher l’émotion des personnages, sans négliger l’aventure.
Après, c’est un exercice amusant d’arriver au beau milieu d’une histoire en cours et de tenter de la poursuivre. Des jalons et des bases ont été posées (certaines par Jean Van Hamme il y a plusieurs décennies), il faut les respecter mais ne pas avoir peur de les tordre pour faire avancer l’histoire. Je ne dirai par « trahir » car le but est de respecter totalement ce qui a été fait auparavant dans la série, mais d’y amener un souffle un peu nouveau.
Thorgal.com : Le 5ème album de Kriss, scénarisé par Yves Sente, a clos une partie de l’intrigue avec une fin relativement ouverte. Mais il se termine aussi sur une mise en danger de l’héroïne. Est-ce pour vous le début d’un nouveau cycle d’aventures, ou la suite d’une histoire qui n’a pas livré tous ses secrets ?
Mathieu Mariolle : La chance sur Kriss de Valnor est que le tome 5 apportait une certaine forme de conclusion. Kriss emportée par les eaux, l’armée de Magnus temporairement vaincue ou retardée, Thorgal empêtré dans ces aventures à Bagh-dad. Il n’y avait pas d’urgence à résoudre un cliffhanger ou une question posée par Yves Sente.
C’est à la fois le début d’une nouvelle aventure car avec Xavier, nous prenons le temps de faire le point sur Kriss de Valnor, sur ses envies, ses motivations. Le tome 6 sera un album où elle ne croisera pas les personnages qu’elle a pu voir dans les tomes 3 à 5. Livrée à elle-même, Kriss doit s’interroger, redevenir Kriss.
Mais il y a aussi de nombreux éléments laissés en suspens qui sont intéressants, notamment autour de Jolan qui a beaucoup évolué ces derniers albums. Donc nous avons assez hâte de pouvoir apporter des réponses à ces secrets.
Thorgal.com : Comment fonctionne votre partenariat avec Xavier Dorison, nouvel auteur de la série originelle ?
Mathieu Mariolle : Xavier a une vision claire de l’univers thorgalien et de la direction qu’il souhaite faire prendre à la série originelle. Et pour le coup, il a été totalement franc et transparent avec moi, avant même de réfléchir avec lui au tome 6 de Kriss, j’ai pu lire son tome 35 de la série mère et la voie qu’il allait emprunter pour les tomes 36 et 37.
Concrètement, nous avons au préalable discuté de notre vision de Thorgal, de Kriss de Valnor. Xavier avait une idée pour ce tome 6 de Kriss. Une piste séduisante, très intelligente, qui m’a tout de suite plu : en tant que lecteur, cela me plaisait, et en tant que scénariste, elle m’attirait. Nous y avons passé beaucoup de temps, écrit plusieurs versions de cette histoire. Pour finalement la jeter !
L’histoire était intéressante, mais elle ne nous permettait pas de dire ce que nous voulions de Kriss, de la faire réagir assez aux événements qu’elle venait de vivre (l’enlèvement de son fils, son arrivée sur le trône, sa quête éperdue de richesse et de pouvoir). Et nous sommes donc repartis sur une autre idée d’histoire, chacun apportant sa pierre, ses idées. Pendant plusieurs semaines, nous avons travaillé sous la forme d’un ping-pong mental, chacun apportant ses idées, alimentant le scénario. Puis, vient le moment de trier, de choisir, de sélectionner ce qui vaut le coup d’être raconté. Et enfin, nous avons écrit l‘album côte à côte, avec un ordinateur, chacun tapant à tour de rôle. Nous nous jouions les scènes l’un l’autre.
J’avais déjà eu la chance de collaborer avec d’autres scénaristes, mais en général, chacun travaille dans son coin et met en commun son avancée. Puis le travail, les séquences sont réparties.
Là, nous avons travaillé de concert. Il est même difficile de savoir qui a imaginé tel rebondissement ou tel dialogue…
Thorgal.com : Les séries « Thorgal », « Kriss de Valnor » et « Louve » se déroulent simultanément. Si on ajoute les aventures de Jolan, qui ont navigué d’une série à l’autre, ce sont quatre histoires qui se déroulent en parallèle. Quels sont les avantages et les difficultés de l’exercice ?
Mathieu Mariolle : L’avantage c’est que les trois fils narratifs se déroulent de manière assez éloignés sur le plan géographique : Thorgal est parti vers Bag-dhad, Louve est demeurée près du village où elle vivait avec Aaricia, Kriss et Jolan se trouvent bien plus au Sud, à la frontière de l’empire de Magnus. Pour le coup, chaque fil se déroule de manière un peu indépendante des autres, même s’il y a des échos entre eux.
La difficulté est qu’il va falloir les réunir, à un moment commun. D’un autre côté, c’est assez amusant d’imaginer comment dénouer tout cela, savoir que Kriss de Valnor a trois albums devant elle (les tomes 6, 7 et 8 ) avant de retrouver la série mère, Thorgal et Aaricia. Cela lui offre du chemin à parcourir pour évoluer avant que les conséquences des actes de chaque personnage ne soient révélées.
Thorgal.com : Êtes-vous en contact avec Yann, scénariste de « Louve » et « La jeunesse de Thorgal », les deux autres séries des Mondes de Thorgal ?
Mathieu Mariolle : Pour le moment, non. Mais je sais que Xavier et lui ont discuté plusieurs fois et se tiennent au courant des avancées de chaque histoire.
Thorgal.com : Dans Thorgal, la famille a une valeur particulière, d’autant plus avec les Mondes de Thorgal, qui mettent en lumière plusieurs personnages secondaires. Les lecteurs sont très attachés à ces personnages. Comment gère-t-on cela dans un scénario, est-ce une pression, un moteur ?
Mathieu Mariolle : Pour moi, en premier lieu, Thorgal n’est pas un écheveau d’intrigues politiques ou une série d’aventure, c’est une saga familiale. Je connais et je suis ces personnages depuis des années, donc je comprends parfaitement l’attachement que les lecteurs peuvent y porter.
Comme eux, je ne voudrais pas m’arrêter dans ma lecture et me dire : « Kriss ne ferait jamais ça ! Je la connais ! Elle ne peut pas faire ça ! ». Donc c’est un moteur clairement, une envie que cet univers fascinant continue à vivre et à plaire.
La pression viendra quand l’album commencera à être lu et décortiqué !
Thorgal.com : Kriss de Valnor a commis quelques belles atrocités dans sa carrière. Écrire l’histoire d’un méchant, c’est un exercice particulier ?
Mathieu Mariolle : Oui, mais c’est surtout jouissif ! Kriss peut se permettre de dire des choses atroces. Au moment des dialogues, c’est un vrai plaisir. Et Xavier et moi en avons beaucoup joué pendant l’écriture. C’était comme une respiration pour nous. Nos autres personnages, dans nos séries ou albums personnels, ne peuvent dire ou faire ce que fait Kriss !
Ensuite, ce qui nous a beaucoup intéressés, c’est de comprendre Kriss, de savoir ce qui l’avait amenée sur ce chemin : Pourquoi est-elle obsédée par l’or et le pouvoir ? Pourquoi est-elle prête à tout ? De quoi a-t-elle peur ? Quelles sont ses failles ?
Méchant ou héros, chaque personnage gravite autour et cherche son « centre du bien », ce dont il a besoin et ce qu’il trouve juste et normal. Kriss n’est pas une psychopathe qui agit sans raison ou qui trouve que commettre un acte atroce est drôle. Elle le fait par nécessité, car cela rentre dans son système de valeur. Quand on a compris ce système, avec Xavier, nous nous sommes amusés à découvrir ce qui pourrait le perturber, et donc à se poser des questions, à se remettre en cause. Et qui sait, à changer ?
Thorgal.com : Avant cette reprise, aviez-vous rencontré Jean Van Hamme, Grzegorz Rosinski, Yves Sente ?
Mathieu Mariolle : Je n’ai pour le moment pas encore eu cette chance. Je pense que cela arrivera bientôt.
J’ai par contre croisé une fois Jean Van Hamme il y a des années à Angoulême, nous étions au même dîner mais je n’avais pas eu le culot de lui poser plus d’une question.
Thorgal.com : Comment travaillez-vous généralement avec les dessinateurs ? A quoi ressemble un de vos scénarios ?
Mathieu Mariolle : Je travaille en plusieurs étapes. La première est un séquencier qui va raconter l’histoire au dessinateur et à l’éditeur. Un document d’une vingtaine de page, en prose, sans dialogue, qui va raconter les événements et les retournements de l’album. C’est un document qui permet de clairement faire passer les intentions de l’histoire tout en permettant des premiers retours de lecteur. Ce séquencier a souvent de très nombreuses versions, ce qui permet de toujours faire évoluer l’histoire, de toujours tenter de l’améliorer, de la rendre plus surprenante et plus pertinente.
Ensuite, je passe à un scénario détaillé, page par page, case par case, avec des indications de mise en scène assez précise. Xavier et moi fonctionnons de la même manière, c’était une des facilités de notre collaboration. Et il est encore plus précis et directif que moi. Roman Surzhenko s’en est rendu compte, nous sommes un peu plus casse-pieds que la plupart des scénaristes !
Mais c’est toujours pour le bien de l’album. Si le dessinateur a une meilleure idée de mise en scène que nous, qu’il le fasse ! Nous avons envie d’être ébahis, tout en voyant notre histoire respectée et magnifiée. Et pour le coup, Roman nous a vraiment fait plaisir !
Thorgal.com : Le nouveau dessinateur de « Kriss de Valnor » est donc Roman Surzhenko, déjà auteur de « Louve » et « La jeunesse de Thorgal ». Il vit en Russie, comment travaillez-vous avec lui ?
Mathieu Mariolle : Nous avons eu la chance de le rencontrer à Angoulême, quand le projet lui a été présenté. Nous avons donc pu faire connaissance « en vrai ». Vu qu’il vit en Russie, ça aurait été plus compliqué après cela.
L’avantage, c’est que Roman parle un français admirable. Il l’a appris grâce à son travail sur les Mondes de Thorgal et cela facilite grandement nos échanges.
Nous lui avons remis le scénario complet de l’album et par mail, il nous envoie chaque étape de travail, du story-board à l’encrage en passant par un crayonné très précis.
Thorgal.com : Comment travaillez-vous, quel est la journée type d’un scénariste ?
Mathieu Mariolle : J’essaie de travailler et d’écrire tous les matins. L’indiscipline et le doute sont les pires ennemis des scénaristes. Donc dès que j’ai pu déposer mes enfants à l’école, je me mets à écrire, selon l’album qui est en cours.
L’après-midi est plus consacré au suivi des projets, aux mails à répondre, aux interviews. Mais souvent, ce planning type est bouleversé par une demande urgente, une cascade de mails, un scénario à rendre plus tôt que prévu, ou un retard causé par les doutes donc il faut mettre les bouchées doubles.
J’essaie de ne plus trop travailler le soir, mais souvent, quand l’envie vient ou quand le planning n’est pas tenable autrement, je suis obligé de reprendre le clavier. Mais j’avoue que souvent, c’est agréable et productif !
Thorgal.com : Quelles sont vos lectures, vos sources d’inspiration ?
Mathieu Mariolle : Mes lectures depuis quelques années sont principalement tournées vers le polar en ce qui concerne la littérature : de grands auteurs anglophones principalement, James Ellroy, Denis Lehane, James Grady, Deon Meyer.
J’essaie de lire le plus de BD possible, mais dans des genres très variés : du roman graphique à la grande série d’aventure, des comics, des mangas. J’aime les bonnes histoires et les dessins émouvants. Peu importe le support.
Thorgal.com : Avez-vous d’autres projets ?
Mathieu Mariolle : Je travaille sur plusieurs séries d’aventure ou historiques, c’est un peu mon actualité, sans que ce soit une volonté. Il se trouve que mes derniers projets développés ont été dans ce genre.
Pour Glénat, je prépare deux biographies historiques, l’une sur Saladin, l’autre sur l’empereur Meiji. Et j’y poursuis une série sur le Japon des samouraïs, « La Voie du Sabre », dont le tome 2 sort en 2015.
Et je développe deux projets pour Casterman, l’un se déroulant aussi au Japon, l’autre pendant la fin de la colonisation de l’Algérie.
Thorgal.com : Merci Mathieu, d’avoir pris le temps de répondre à nos questions.
Mathieu Mariolle : Merci. Et au plaisir de rediscuter des aventures de Kriss de Valnor avec vous !