Oui, on peut en parler ! Je vais essayer de ne pas dire trop de bêtises sur la question.
On vit dans le paradoxe, les amis.
Avant, il y avait la loi Lang, datant de la 1ère élection de François Mitterrand (1981). Une loi qui fixait un prix unique obligatoire pour les livres neufs, avec la possibilité pour les marchands de proposer 5% de réduction.
Evidemment, à l’époque, pas d’Internet, il fallait aller avec ses pieds dans une boutique, et payer avec un chèque qu’il fallait remplir soi-même ou des sous très lourds dans la poche. Rendez-vous compte la misère qu’on vivait.
Bon, aujourd’hui, c’est carrément chaud pour les libraires. Quasiment tous les livres sont vendus en ligne, et ce qui reste doit beaucoup venir des supermarchés.
Une nouvelle loi a donc été proposée, pour tenter (vainement, malheureusement, à mon avis) de donner un coup de pouce aux librairies indépendantes.
Si j’ai bien suivi, le dernier texte de nos élus indique ceci :
Pour la livraison à domicile, le vendeur ne peut plus retirer les 5% du prix de vente (seulement du prix de livraison), ET les frais de livraison ne peuvent plus être gratuits.
Concrètement, ça signifie que le prix des livres a augmenté en France, pour les achats en ligne. Et pas que chez Amazon, chez toutes les boutiques en lignes qui n’ont pas de grande chaîne de magasins. Je pense à BD Fugue, par exemple.
On a imaginé, dans nos assemblées, qu’en tapant de quelques centimes dans le porte-monnaie des lecteurs, on les inciterait à ne plus commander leurs bouquins sur Internet. Pour moi, cette loi relève essentiellement du soutien moral (pour les libraires) et du délestage de portefeuille (pour les autres).
Franchement… On ne va pas dans une librairie parce qu’on paiera 18 centimes de moins. On y va pour l’accueil, le conseil, la vie sociale, la jolie caissière, ou tout simplement pour quitter la Terre et être, pendant quelques minutes, au milieu du papier et des mots.
Au final, je ne pense pas qu’Amazon soit réellement impacté par cette loi, parce qu’on n’arrête pas avec des clous une machine de guerre en mouvement.
Je me demande même si Amazon ne gagne pas plus d’argent qu’avant ! Un bouquin à 10€ lui rapportait 9€50 avant, et lui rapporte 10€01 aujourd’hui. Evidemment, il faut retirer de cela les frais de livraison, toujours à la charge d’Amazon. Mais comme la boîte économise largement (par rapport à un libraire) sur tous les frais généraux, sur les employés, et même apparemment en magouillant « en utilisant les ressorts mis en place par nos élus pour payer des impôts de façon moins brutale »…
On vit dans le paradoxe, les amis.