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Thorgal Saga – Adieu Aaricia / Robin Recht – 2023
Mots-clés : Adieu Aaricia, one-shot, Robin Recht, Thorgal Saga
Ce sujet a 771 réponses, 48 participants et a été mis à jour par floriane07, il y a 1 mois et 1 semaine.
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Merci à Stef et à Robin pour ce concours !
J’ai pour ma part aussi voté pour la bleu. Le très joli post de Patrcie exprime plus ou moins ce que j’en pense.
Mais j’aime aussi beaucoup la couverture rouge. Elle est, à mon avis, plus originale dans la colection Thorgal (où les visages en gros plan sont légion). J’aime aussi beaucoup l’inquiétude qui en ressort. Mais j’ai voté pour la bleu parce qu’elle me semble tout de même plus appropriée au sujet.
MERCIMerci beaucoup pour ce concours !
Très sympa de la part du Lombard, très bien joué pour la promo du site et surtout un ÉNORME merci à l’artiste !!
-non je fayote pas
La preuve, une critique : la couverture bleue est tellement parfaite que la rouge surprend un peu trop et j’ai trouvé pourquoi : la couverture rouge détonne en effet trop pour du Thorgal alors qu’en fait en elle-même elle est superbe car très rechtienne (ah ben non en fait c’était encore un compliment )En effet un grand merci a tout ceux qui ont rendu ce concours possible. J’ai voté couverture bleu aussi.
Pour ma part j’ai voté bleu parce que j’aime le bleu.
Si j’avais aimé le rouge j’aurai bien sûr voté rouge.j’ai choisi l’affiche rouge pour l’ambiance inquiétante qu’elle crée, assez inhabituelle dans les couvertures d’albums de Thorgal, on a l’impression que tout peut arriver…
très beau concours, vraiment ! énorme merci pour les lots à Robin Recht, au Lombard et à Stéphane TBD !!!
Oui c’est vraiment un super concours
Je croise les doigts même si il risque d’y avoir pas mal de participants
Dédicaces à AngoulêmeRobin Recht et Fred Vignaux seront présents à Angoulême durant les 4 jours du festival. De quoi demander aux deux auteurs de dédicacer sur le même album (au choix) Le Lombard publie le planning des dédicaces des auteurs sur son stand, pratiquement identique pour Fred et Robin :
- Jeudi 26 de 17 à 19h
- Vendredi 27 de 17 à 19h
- Samedi 28 de 18 à 20h (+ 10 à 12h pour Robin)
- Dimanche 29 de 14 à 16h
Source : FB du Lombard
Je souhaite poursuivre les commentaires sur la prépublication. Pour éviter de gâcher le plaisir et le suspens, je vais les écrire en police de caractère blanche. Je ne suis pas un spécialiste de l’éditeur du forum et espère que le texte sera visible en le sélectionnant.
Ajout du webmestre : Je cache tout ça, libre à chacun de cliquer pour lire !
Cliquer pour afficherMon propos de ce jour porte sur Skraeling-la-Noire, la fille de Surtur. Le premier point m’ayant marqué est la carnation de la guerrière. Nous sommes très éloignés des populations vikings. Peut-être y a t-il une légende nordique derrière la présence d’une personne « noire » dans la saga, l’exposition à un feu divin du fait de son ascendance ? Je ne m’en souviens plus. Quoiqu’il en soit, ce choix focalise l’attention du lecteur sur le personnage, sur cette walkyrie africo-nordique. Le nom sonne vrai et je donne ici un extrait de la page Wikipedia ainsi que le lien : Skræling (pluriel skrælingar) est le nom que les sagas des Groenlandais et d’Erik le Rouge prêtent aux populations du Groenland et du Vinland (lien wikipedia). De plus Robin Recht nous dit que la combattante est la fille de Surtur. Surtur est le dieu du feu (lien wikipedia). Là aussi, l’ancrage dans la mythologie nordique est très fort et très bien pensé.Dans le deuxième volet de la prépublication, la guerrière expose sa philosophie de la vie. Elle recherche la gloire dans le combat et sait qu’elle en mourra un jour. Cette déclaration très émouvante fait penser à un proverbe italien (malheureusement repris par Mussolini) : « mieux vaut vivre un jour comme un lion que cent ans comme un mouton » . Alexandre le Grand aurait déclaré « La gloire couronne les actes de ceux qui s’exposent au labeur et au danger« . Nous avons donc des propos martiaux.
Du coup, Robin Recht construit une opposition entre Thorgal, le guerrier malgré lui, et Skraeling-la-Noire, la guerrière volontaire. Cette dualité donne du relief à l’intrigue et on peut constater une alliance de circonstance pour sauver la jeune Aaricia.
Un beau personnage donc.
bjr,
apres avoir longtemps hésité, j’ai choisi la rouge car certes la bleue est + dans le style Thorgal – mais justement, elle m’accroche moins par son ambiance un peu « déja vu », alors que la rouge m’intrigue beaucoup +
Avec la bleue, on fait – je fais – tout de suite le rapprochement entre le titre et le bateau qui brûle , donc je me dis « elle est morte » ; ok très belle couv’ mais du coup si je me dis qu’Aaricia est morte dès la couv’, j’ai pas trop envie de lire l’histoire…
Alors qu’avec la rouge, GROS suspens !!! Quel rapport entre le titre et la couv’ ???
cordt
Que cache cette couverture rouge ? Je pense qu’on peut tenter une liaison avec le message que j’ai posté à 11h12 avant celui de Weyb.
Déjà ce qui est évident est que le rouge est la couleur du danger et la mine affolée de la jeune Aaricia, avec le sourire méchant de la divinité au-dessus, nous fait penser à une catastrophe en cours. Est-ce que derrière l’objectif de la caméra ne se trouverait pas un jeune Thorgal en mauvaise posture ? Prisonnier ou torturé par le feu ?
Le feu est le deuxième élément visible de cette couverture. Et pour faire le lien avec la prépublication, il est question du dieu nordique de la forge, Surtur, l’équivalent nordique du grec Héphaïstos et du romain Vulcain. Est-ce que ce feu traduit la destruction par le feu ou une forge ? Or Robin Recht a récemment adapté la saga Elric de l’écrivain britannique Moorcock où une épée, Stormbringer, signe la fin du monde. On peut s’interroger.
En fait la couverture bleue et la couverture rouge sont comme le ying et le yang. Elles sont complémentaires. L’intelligence des choix de Robin Recht est là, d’autant plus que ces deux couleurs sont à l’opposé du spectre de la lumière.
- Ce sujet a été modifié le il y a 1 an et 9 mois par Patrice.
Au fait, sur les planches en prépublication sur bdgest, on peut voir que Robin Recht a pris bonne note de nos échanges sur la planche 2 avec un Thorgal gaucher et on voit qu’il en a pris acte et qu’il a fait une symétrie sur les cases concernées pour tenir compte du fait que Thorgal est droitier.
Vous pouvez faire le jeu des différences sur la planche 2 page 3
http://www.thorgal.com/sujet/adieu-aaricia-de-robin-recht-2022-album-mystere/page/2/
https://www.bdgest.com/preview-3691-BD-thorgal-saga-adieu-aaricia.htmlMis-à-part le changement de latéralité de Thorgal, on voit que la flèche dans le feu pointe maintenant sur la vignette du Drakkar. Quelle belle logique inter-cases !
Du tout bon cette BD, de l’extrêmement bon. Bon allez, je m’arrête de radoter… jusqu’à la prochaine fois !
re,
commentaire très intéressant de Patrice, et je voudrais préciser que je fais partie (mea culpa) de ceux qui n’achètent pas les pré-publications en magazine, et donc qui découvrent les albums via leur couv’ en magasin directement… Donc je n’ai aucune idée de ce que peut raconter cet album… Et mon choix n’a été guidé que par ces 2 couv’
cordt
thorgal-bdWebmestreJe ne joue pas, mais si je le pouvais, je crois que je choisirais la rouge, peut-être plus dramatique et inquiétante.
Ayant les deux albums en main, je suis aussi plus attiré par le gros bouquin, qui a une prestance supplémentaire, par sa taille, sa couleur, son épaisseur… Rien de bien objectif en somme.
C’est peut-être aussi parce qu’on parle de la bleue depuis si longtemps qu’elle peine davantage à me surprendre.
On peut aussi dire que ce sont deux couvertures émotionnellement différentes. La bleue regarde du côté de la tristesse et de la nostalgie la rouge adresse la peur et la violence
Pour compléter mon précédent mot et changer de paradigme, les deux couvertures aussi des points communs. L’action n’est pas au premier plan. Le drakkar brûle loin de Thorgal. Et tant la jeune Aaricia que la divinité regarde en avant plan, en dehors de notre regard.
Les deux couvertures présentent aussi des instants figés. Le temps s’est comme arrêté.
Thorgal à Angoulême« Adieu Aaricia » s’affiche sur le stand du Lombard mais aussi dans les rues d’Angoulême !
Source : FB du Lombard
thorgal-bdWebmestreAh oui ça claque.
Que ça fait plaisir de voir Thorgal en tête de gondole ! La série a besoin de temps forts. Je suis sûr que ça peut faire revenir des lecteurs. Des anciens, des curieux…
Savez-vous qui sont les auteurs des Thorgal saga suivants ?
thorgal-bdWebmestreLe sujet « Thorgal Saga – One-shots » fait le point sur la question :
Merci pour le lien sur les Thorgal Saga. Je vais maintenant poursuivre mon analyse sur la deuxième parie de la pré-publication, toujours en police de caractère blanche pour éviter de déflorer le sujet pour les membres du forum n’ayant pas lu L’immanquable.
Mon propos du jour portera sur le quatuor poursuivant les ravisseurs de la jeune Aarcia. En fait, ce quatuor se réduit à un trio puisque le vieux Thorgal et le jeune Thorgal sont là même personne. Le sujet me semble maintenant de rapprocher Skraeling-la-Noire et Thorgal. En effet, au-delà de leurs différences manifestes homme versus femme, appétit pour la guerre et de la gloire versus recherche de la paix et de l’anonymat, les deux personnages sont Unis dans leur singularité et leur marginalité dans la société viking. Thorgal est le fils d’un atlante et Skraeling-la-Noire est la fille d’un dieu. L’un et l’autre, que ce soit par leur carnation ou la couleur des cheveux ne font naturellement pas partie du monde viking. Donc Aaricia la rebelle sera sauvée par son père ce qui est évident mais aussi et surtout par deux marginaux. Le quatuor se réduit donc à deux cultures, celle nordique et celle extra-nordique. J’y vois un souci d’universalité avec une alliance contre nature pour sauver la petite fille. Enfin Gandalf le fou incarne le village traditionnel et la paternité inquiète. Il incarne donc la normalité dans ce monde si anormal !
Bon sang, ça réveil un projet pareil, je m’étais endormi depuis 20 ans en lisant mollement ce qui sortait dans cet univers !
Aujourd’hui, l’album sort à Angoulême.
Et nous avons aussi une interview de Robin Recht dans dBD Magazine et le 3ème volet de la prépublication dans L’immanquable.
Je ne suis pas dans le chef lieu de la Charente mais ai lu dBD et L’immanquable.
Tout d’abord, l’interview est fort intéressante et je souhaite partager avec vous quelques informations m’ayant marqué :
– l’auteur nous explique s’être laissé porté par l’histoire et son scénarimage est passé de 70 à 104 pages ! Une chance pour nous !
– il indique travailler à l’ordinateur
– Robin Recht ne s’est pas inscrit dans la totale continuité de Rosiński et Van Hamme. Il parle d’un « pas de côté« . C’est exactement ce qu’a fait Émile Bravo sur Spirou et nous savons tous que ce choix a produit le chef d’œuvre qu’est L’espoir malgré tout.
– l’auteur nous explique aussi avoir fait souffrir ses personnages. Cela me rappelle Valérie Mangin sur Alix senator. Pas trop quand même ?
– le fait de parler à un moi jeune, ce qui arrive à Thorgal, est un fantasme !
– les deux albums Thorgal préférés de Robin Recht sont L’enfant des étoiles et Le maître des montagnes.
L’article contient beaucoup d’autres informations et je vous invite à le lire si vous le pouvez !
Concernant le 3ème volet de la prépublication,
Cliquer pour afficherConcernant le 3ème volet de la prépublication, je puis rassurer tous les membres du forum. La qualité est toujours là. Tant sur le point scénaristique que sur le plan graphique, tout est époustouflant. Le scénario est dramatique, un peu trop sanguinolent pour l’univers de Thorgal et on sent l’influence de Conan. Mais que d’émotions. L’auteur tue un de ses héros dans une scène rapide, où l’action se déroule à une vitesse folle et où les personnages dévoilent leur vrai personnalité. Le décès est totalement logique et apporte beaucoup à l’intrigue. Et d’ailleurs, est-il tragique et désespérant ? Je ne sais pas. A côté des scènes de tensions, le scénario laisse la place à des scènes plus introverties où notamment Thorgal discute avec un de ses vieux ennemis. Cette alternance rythme la respiration de la BD. Du grand art !Le graphisme est prodigieux. Les paysages nordiques que ce soit la rivière en crue ou la caverne sacrée sont autant de cartes postales.
Des couleurs vives, fortes, sans nuances, accompagnent les scènes de combat. Le génie de la couleur est bien là. Et les dégradés des paysages respirent la Norvège et le modèle Rosiński .
Voilà, j’ai tout dit sans rien dire .
MERCI
ROBIN
RECHT
thorgal-bdWebmestreJe me suis permis de masquer une partie de l’intervention de Patrice, pour laisser à tous la possibilité de le découvrir dans l’album.
Patrice a écrit
Robin Recht ne s’est pas inscrit dans la totale continuité de Rosiński et Van Hamme. Il parle d’un « pas de côté » .Tout à fait. Il faut vraiment que vous entriez dans l’histoire avec cela en tête, les gens, la collection Thorgal Saga n’a pas pour vocation de s’inscrire à 100% dans la tradition thorgalienne. Il s’agit donc bien d’une œuvre à part qui se lit pour elle-même mais qui s’appuie sur des éléments ancrés dans les albums de Thorgal (ceux de Van Hamme bien sûr).
Merci pour le masquage des infos, j’ai essayé jusqu’à présent de lire le moins possible le contenu de l’album, je préfère le découvrir quand je l’aurai en main, installé confortablement, prêt à vivre une belle aventure. J’ai même réussi à lire l’entretien avec Robin dans Casemate en masquant les planches qui y étaient publiées.
Mais déjà merci à Patrice pour le partage de lecture, c’est vraiment un album que tout le monde attend avec impatience
Robin Recht déclare être dur avec ses héros mais Van Hamme ne s’est pas gêné non plus . Aaricia a dû vivre l’épisode de Shaïgan. Et à ce sujet, je souhaite partager cette analyse faite en 2006 par Vladimir, un des libraires de la boutique Aapoum Bapoum, à Paris. Voici le lien (https://www.aaapoumbapoum.com/blog/2236) et le texte :
Thorgal : un héros adultère
« Tu m’ennuies Thorgal »
Syriane, première case de La cage.
Par Vlad
Thorgal Aegirsson… Son histoire n’a pas disparu de toutes les mémoires. Ce récit est à ce point constitué d’emprunts divers et pétri de mythologie qu’il a fini par faire corps avec cette dernière.
Pour les lecteurs de ma génération et sans doute de la précédente, Thorgal, c’était la saga ultime. Dans les temps anciens les vieux avaient la Bible, les cours d’éducation latine et Georges Dumézil. Nous, à l’ère Giscardo-Mittérandienne on avait Thorgal. Ce type avait trop la classe. Il était super balaise avec une épée et à l’arc, sans avoir les deltoïdes boursouflés de Schwarzy. Toutes les meufs, TOUTES, étaient amoureuses de lui.
D’ailleurs c’est une fille, Shaniah, qui le souligne la première, dans le tome 5, Au-delà des ombres, où il réussit à revenir des Enfers ET à sauver son épouse (pas comme cette tapette d’Orphée) : «Décidément, la vraie chance des héros, c’est de plaire aux femmes, mortelles ou non».
La saga de Thorgal s’achève avec le tome 23, paru en novembre 1997 : le définitif La cage. Ce qui a été publié après en utilisant la renommée de la série n’est qu’usurpation. C’est comme le Dylan d’après l’accident de moto de 1966, ce n’est pas le même, il a été remplacé.
Je m’explique.
Indépendamment des péripéties narrées avec maestria par Van Hamme et Rosinski, il y a une autre histoire qui est racontée derrière les apparences. Une histoire qui trouvait son aboutissement dans La cage et qui, artistiquement, n’admettait pas de suite.
Thorgal, c’est l’histoire d’un homme partagé entre deux destinées, entre deux femmes, entre deux modes de vie. Une fois que c’est formulé, c’est évident.
La blonde et la brune.
La blonde Aaricia est vouée par les dieux (particulièrement par la déesse Frigg) à être la compagne de Thorgal (tome 7, p.32). Elle est l’épouse idéale. Elle est celle que Thorgal doit protéger, celle qui lui prépare ses repas et qui s’occupe des enfants. D’ailleurs ses rivales, les femmes qui convoitent Thorgal (et le lecteur sait à quel point elles sont nombreuses !) en donnent une caricature assez significative. Quelques exemples croustillants :
Shaniah (s’adressant à Thorgal dans le tome 4) :« Je te propose l’aventure et tu préfères rester accroupi à japper comme un chien battu aux pieds d’une bonne femme qui parvient tout juste à traîner son gros ventre entre la cuisine et son lit !»
Kriss de Valnor (dans le tome 11) :« Elle n’avait qu’à rester sur son île à tourner dans ses marmites. C’est tout ce à quoi elle est bonne d’ailleurs. »
Kriss encore (s’adressant à Thorgal dans le tome 19) :« La vérité Thorgal de mon cœur, c’est que tu en avais assez de ta marmaille, de ton lit bien douillet et de ta marmite sur le feu tous les soirs. »
Les auteurs ne faisant rien pour démentir ou rectifier l’image de marque que lui collent ses détractrices, Aaricia passe effectivement le plus clair de son temps à fournicoter dans sa cuisine. Bien.
Et le beau Thorgal, qui fait mine de s’épanouir dans une vie de couple rangée, qui se rêve en bon père de famille, ça ne vous dérange pas un peu qu’il trouve toujours un moyen de se barrer pour des prétextes futiles ? Et surtout… Avez-vous remarqué qu’il n’était pas là à la naissance de son fils Jolan ? Et à la naissance de Louve ? Pas là non plus ! Généralement il en faut moins que ça pour que l’opinion publique ne vous range à jamais dans la catégorie des mauvais pères / mauvais époux !Mais peut-on vraiment blâmer Thorgal ? Il est vrai qu’il y a d’autres attraits que la paix de l’âtre dans le vaste monde…
Il y a notamment la brune Kriss de Valnor. Mademoiselle de Valnor est sans conteste le personnage féminin le plus attirant de la série. Celle qui capte l’attention sexuelle du jeune lecteur mâle… Il me semble que je suis d’ailleurs un témoin privilégié : en 1985, lorsqu’est paru Les Archers, j’avais 12 ans. Elle est jeune, belle, intelligente quoique cupide. Elle est la seule qui se place en égale de la gent masculine et non en vassale. Elle est surtout la femme dont on nous promet la nudité depuis fort longtemps, pour attiser notre désir et, par transitivité, renouveler notre intérêt pour la série.
En 1985, donc, dans le tome 9, page 20, on a pu voir sa poitrine. En 1986, dans le tome 11, son postérieur galbé nous a été donné à voir (p. 30). Il aura fallu attendre 1993 et le nu intégral des pages 5,6 et 7 du tome 19, pour entrevoir sa toison diabolique. Le plus long strip-tease qu’il m’ait été donné de regarder ! Huit ans. Huit ans pour que la forteresse invisible ne le soit plus.
Thorgal en perd d’ailleurs lui aussi la tête. C’est dans cet épisode qu’il S’ARRANGE pour perdre la mémoire.
Et oui !
Vous le feriez-vous ? Demander aux dieux de perdre la mémoire sous le prétexte TORDU de protéger sa chère famille ? Alors que la seule personne qui est à proximité est une garce absolue parfaitement dépourvue de scrupules qui en veut à votre corps et à votre aura ? Okay… D’accord, je vois ce que vous pensez… Peut-être que vous le feriez, mais ne me faîtes pas croire que c’est pour le bien de votre chère épouse et de vos enfants, à l’autre bout du monde !!! Et voilà toute l’affaire : coincé entre son idéal conformiste et ses pulsions sexuelles de plus en plus incontrôlables, Thorgal a trouvé. Il lui a fallu du temps et moult aventures, mais il a trouvé l’unique moyen d’assouvir son désir sans avoir de scrupules ni problèmes de conscience. S’en remettant entre les mains de Mademoiselle de Valnor tout en s’offrant le luxe d’oublier les liens qui le rattachent à son passé, à ses engagements, à son rôle de héros… Il entrevoit un instant le bonheur.
Ce faisant il réalise un double fantasme du lecteur : d’une part, évidemment, faire l’amour avec Kriss, d’autre part dans la même perspective mais plus largement, mettre en pratique toutes ses capacités sans cette retenue frustrante, issue d’une morale dépassée : enfin Thorgal (sous le nom de Shaïgan) va piller, tuer, faire peur, et foutre sur la gueule de tous les minables à qui il épargnait la vie précédemment ! Ça ne dure pas plus de trois albums, mais qu’est-ce que c’est bon !
En plus on peut assister à partir du tome 20 à l’accomplissement du rôle de victime d’Aaricia : bannie, abandonnée dans la neige, tondue, marquée au fer rouge, fouettée, humiliée par sa pire rivale… Ahhh ! Mais ces développements mériteraient une autre notule !
Comme la morale et le bien doivent finalement triompher, on assiste dans le tome 22 à la recouvrance de la mémoire du héros. Il se rend compte de ce qu’il a fait, ça lui permet de prendre de belles pauses douloureuses au clair de lune devant l’océan agité. Ses forfaits accomplis il va retourner chez lui, la nourriture est quand même meilleure, et puis ses enfants sont là-bas. Et la transmission du patrimoine c’est important. De toute façon les maîtresses de cadres-supérieurs vous le confirmeront : ils finissent toujours par retourner chez bobonne : dans LA CAGE, symbole évident de ce que symbolise le mariage pour les auteurs.
Alors elle a mille fois raison, Aaricia, de tenter de culpabiliser un peu son bonhomme dans cet album magistral (tome 23) où pour la première fois depuis qu’elle est gamine (exceptions faites de quelques micro-événements dans le pays Qâ) elle prend des initiatives ! La boucle est bouclée. Il est revenu comme la chatte dans La femme du boulanger. Le cycle sous-jacent est arrivé à son terme.
Quel sens ça a de continuer la série ? Je mentirais si je disais que je n’ai pas lu certains des volumes qui sont parus depuis. Par respect pour des auteurs que j’ai adulés malgré leur indécrottable sexisme, je préfère considérer qu’ils n’existent pas.
Lire Thorgal au-delà du tome 23, c’est insulter Van Hamme et Rosinski. Ce n’est pas moi qui suis irrespectueux… Bien au contraire. Il vaut mieux imprimer la légende.
On me dit que Kriss est revenue, et même qu’elle est morte… Je n’écoute pas… Ils m’ont déjà fait le coup de Kriss vieillie une fois, je ne marche plus.
M’ENFIN !!! Aaricia, tu es une princesse viking, merde ! UNE PRINCESSE VIKING ! Pourquoi tu t’es fourvoyée avec ce lâche qui n’assume pas ses choix ? Avec ton tempérament, si tu m’avais choisi on aurait pu faire de grandes choses, nous aurions régné sur les océans, nos noms auraient été murmurés avec admiration et crainte sur tous les continents ! Aaricia, pourquoi as-tu choisi ce lourdaud ? Tu n’étais pas faite pour les marmites ! D’ailleurs je ne suis pas plus moche que lui… Surtout que ça fait un moment qu’il est mal dessiné…
- Ce sujet a été modifié le il y a 1 an et 9 mois par Patrice.
Cette publication très polémique a suscité un échange fort bien argumenté de part et d’autre que voilà :
C-baothPoint de vue intéressant car prenant à rebours les adjectifs classiquement attribués à la série : Thorgal ne serait pas une « série familiale » mais la quête d’un « héros adultère ». Le pitch apparait comme séduisant. Cependant :
1. Le compte d’Aaricia est bien trop vite réglé et l’argumentation ne convainc pas vraiment. La série est lue dans sa logique interne et non dans sa logique de parution, ce qui amène à des hypothèses difficilement tenables. Aaricia n’est de fait présentée comme prédestinée à être aimée de Thorgal par le truchement de l’épisode des perles dans L’enfant des étoiles seulement car le lecteur sait à ce moment déjà ce que deviendra le couple par la suite. Anecdote bon enfant, qui démontre la pureté de l’amour qu’éprouvent l’un pour l’autre les deux héros. Thorgal semble donc bien centrer son propos sur les développements de l’amour qui est présenté comme le plus immaculé qui soit : Thorgal et Aaricia ne font qu’un et rejoignent l’idéal d’unité qu’Aristophane évoque dans Le Banquet.De fait, il est significatif que Thorgal n’ait qu’une seule motivation dans les premiers tomes : Aaricia, sa femme, sa moitié. Ils ne font qu’un. L’expression est ici à prendre au sens propre et il est alors normal que la princesse viking ne s’oppose presque jamais au héros. Car les décisions de Thorgal, ce sont aussi celles d’Aaricia. Le personnage d’Aaricia ne peut alors prendre des initiatives que lorsqu’il est séparé de celui de Thorgal (cf. Les yeux de Tanacloc et même La Cage, où elle ne voit qu’un Thorgal ayant recouvré ses souvenirs et non pas un Thorgal aimant, nuance essentielle où les scènes de combats et du rasage ont leur importance symbolique).Ecarter Aaricia des désirs de Thorgal, la remplacer par des désirs d’aventures pour finalement épingler ce dernier comme mauvais père ; ce que votre argumentation finalement peu productive se propose de démontrer ; passe à mon sens d’une lecture à rebours intéressante à un contresens total sur la série.
2. Kriss de Valnor est l’anti-héros, la force agissante qui s’oppose à celle que déploie le groupuscule Thorgal / Aaricia. L’introduire comme une antithèse, une alternative à Aaricia seulement est alors bien vu mais incomplet. L’articulation logique liant la première à la seconde partie commence à ce point à battre de l’aile, avant de sombrer totalement sur les deux points suivants. Tout d’abord, Thorgal ne peut éprouver de désir pour Kriss de Valnor, puisqu’il ne peut en éprouver que pour Aaricia qui est son « aimée ». A-t-on lu une seule fois Thorgal appeler Kriss « mon aimée » après avoir perdu la mémoire ? Non, la seule intimité qu’il lui accorde est de l’appeler simplement par son prénom, Kriss. Cette relation relève donc d’une tromperie inhérente au personnage contre-agissant qu’est Kriss de Valnor et non d’un choix du héros.Pour rappel, Thorgal veut effacer son nom de la mémoire des Dieux et non de la sienne. Ce n’est qu’un à-côté à ce moment là de l’action et Kriss de Valnor est alors totalement absente. Elle est morte, avec tous les souvenirs que Thorgal a lui-même tué sans vraiment comprendre où il se dirigeait sinon vers le bien de sa famille. Raisonnement à l’aveuglette, certes, mais l’homme de papier est faillible comme chacun. Ce qui constitue d’ailleurs son charme. Le parallèle que vous dressez entre Thorgal et le lecteur quant au désir éprouvé pour Kriss de Valnor est d’ailleurs intéressant si l’on change d’approche. Car le personnage de Thorgal, c’est avant l’homme moderne idéal, venant réellement de notre temps en qualité d’enfant des étoiles, qui cherche sa place dans le monde que lui ont offert ses créateurs Rosinski et Van Hamme.Enfin, vous donnez une place beaucoup trop grande au personnage de Kriss de Valnor. Toute la série ne tourne pas autour d’elle et même loin de là. Elle constitue cependant un de ses éléments de charme (comme le souligne votre remarque fantasmagorique sur le dénudement progressif de Kriss), au même titre que la Gardienne des clefs ou Vlania par exemple. Finalement, votre réflexion n’a de sens possible que sur deux arcs de cette série : celui du pays Qâ et celui de Shaigan-sans-merci. Et pourtant, elle promet dans votre introduction de retourner dans son intégralité un mastodonte de la bande dessinée franco-belge. Vous promettez beaucoup mais ne développez pas vos lectures au-delà du simpliste. Un argument se suffit pour vous à lui-même et n’est appuyé que par un exemple trop approximatif et trop en décalage avec votre introduction pour réellement accéder au but que vous lui destinez. Bonne soirée et excusez-moi de ne pas agréer à un de vos exercices qui ne me semble que poudre aux yeux bien mal habillée. Il y avait de quoi, mais non. Tant pis.
Vlad ·
Bonjour C-baoth, « La déesse Frigg (…a eu pitié de toi et a demandé que ton nom soit effacé de la mémoire des dieux, mais ceux-ci ont exigé que ta propre mémoire leur soit donnée en échange. Car plus que les hommes, les dieux ne donnent rien pour rien »… »Avec ton nom s’effacera ton dernier souvenir » Après avoir été ainsi averti, Thorgal y va quand même. Soit c’est un idiot, soit on lui cherche une pulsion inconsciente qui expliquerait qu’un aventurier aussi aguerri tombe dans un tel panneau. Je ne crois pas avoir écrit que Thorgal n’aimait pas Aaricia, juste qu’il était travaillé par une pulsion adultère, plus vraisemblablement de nature sexuelle que sentimentale. Vous me reprochez de surestimer l’importance de Kriss dans la saga. Symétriquement je pense que vous le sous-estimez. Les récents développements me confortent dans mon opinion. J’ai écrit ce texte il y a bientôt cinq ans (après en avoir produit une première version il y a onze ans). Si je devais le réécrire aujourd’hui j’en modifierais certainement le ton mais mon point de vue n’a pas changé.
- Ce sujet a été modifié le il y a 1 an et 9 mois par Patrice.
J’aurais une question concernant ces 2 éditions sur la taille des planches. Est ce que l’édition rouge ( que je préfère, red team !) a vraiment des planches plus grandes ou c’est juste qu’il y a plus de marge? Je ne sais pas si ce que je demande est compréhensible…
Bonne question car les éditions spéciales Fnac/Cultura/Leclerc/je sais plus, des derniers Thorgal ont bien uniquement les marges plus grandes…
Mais bon, je prends les 2 de toute façonthorgal-bdWebmestreOui désolé, je vous ai fait des photographies et j’ai prévu un article complet mais je n’ai pas eu le temps de vous préparer ça cette semaine. Demain ou ce week-end, promis. Je vous ferai un comparatif avec les avantages de chaque édition.
J’ai relu la prépublication du troisième volet dans L’immanquable. Un point m’a beaucoup ému et je mets ci-dessous mon analyse en caché pour ne pas donner d’élément à ceux qui n’ont pas encore lu l’ouvrage.
Cliquer pour afficherA la toute fin, alors qu’une mystérieuse troupe, venue du présent, du passé ou du futur, on ne sait pas encore, arrive pour secourir les deux Thorgal et la jeune Aaricia, les dessins nous montrent que le vieux Thorgal protège sa fille des lances baalds en faisant un rempart de son corps. Les actes d’affection paternelle de notre héros sont plutôt rares et c’est donc une belle trouvaille. On peut aussi adopter un autre regard. Dans Alinoé, il sauve Jolan mais son rôle est celui du guerrier invincible arrivant à la dernière minute et qui résout le problème en un coup de poignard. Dans Adieu Aaricia, Robin Recht nous présente un homme faible, réduit aux dernières extrémités, et dont les seules armes sont la parole apaisante et le corps brisé. Le contraste est bien pensé et très émouvant.Bon si tout va bien j’aurais l’album demain matin et j’espère rencontrer Robin. Je croise les doigts.
Vous avez bien de la chance En Espagne on dirait que je ne peux pas le recevoir avant le 17 février
Avis sur l'album dans la presseChançard Abeloth ! Alors on veut un reportage complet à ton retour d’Angoulême !
A propos d’Adieu Aaricia, voici deux extraits d’avis publiés sur l’album :
Sous les crayons de Recht (qui parvient aussi, graphiquement parlant, à rester dans l’esprit du travail de Rosinski, notamment avec ces nombreux aplats de noir qui rendent l’ensemble sombre, tout en gardant sa personnalité), les personnages prennent littéralement vie (Gandalf le fou se montre ici digne de son surnom, Thorgal est parfait en vieux sage et Recht offre une jolie trouvaille avec le personnage de Skraeling, l’esclave noire) et c’est comme si on n’avait jamais quitté les fjords du Northland…
Un one shot très réussi, superbe hommage à l’œuvre de Rosinski et Van Hamme en même temps que réflexion personnelle sur la notion de destin. Du coup, on attend avec impatience le prochain Thorgal Saga, prévu pour 2024 et qui sera signé par le duo Fred Duval/Corentin Rouge !
Source : Fanzine Positive Rage
Robin Recht offre avec Adieu Aaricia une relecture inattendue de l’univers imaginé, voilà près d’un demi-siècle, par Jean Van Hamme et Grzegorz Rosinskin. Il livre un album poignant, personnel et percutant. Car si les sentiments et la réflexion sur le déclin sont omniprésents, Robin Recht fait un usage très intelligent des ressources du mythe, y apportant sa pierre tant pour la construction de nouveaux personnages que pour l’identité des héros récurrents. Loin d’être un banal produit marketing, Adieu Aaricia est un bel apport à la légende de Thorgal : ne le manquez pas.
Source : Journal La Dépêche
En suivant les liens des sites, vous découvrirez des détails sur l’histoire que je ne reproduis pas ici.
Premières images d'AngoulêmeEn attendant le reportage d’Abeloth (non, non, je ne mets pas la pression ), voici de premières images d’Angoulême glanées sur le net :
Entrée du stand du Lombard
Source : Insta du Lombard
Avant-première au stand du Lombard
Source : Twitter de Philippe Belhache
Un Thorgal, des Thorgaux
Source : Insta de Fred Vignaux
Dédicace au tampon
Source : Galerie BDGest de triphonT
Je repense encore et toujours à ce prodigieux troisième volet de la prépublication dans l’immanquable. Et pour ne pas déflorer le sujet :
Cliquer pour afficherLorsque le vieux Thorgal essaie de rassurer la jeune Aaricia, on pense au Seigneur des anneaux et à la scène où Gandalf console Pippin dans Minas Tirith : Gandalf et PippinRobin Recht sera-t-il à la série Thorgal ce qu’a été Peter Jackson au Seigneur des anneaux ? Réaliser l’impossible en transcrivant le corpus de Van Hamme et Rosinski dans un univers moderne ?
thorgal-bdWebmestreLe stand du Lombard a l’air génial, ça fait envie.
Et le tampon de Robin est top, comme je m’y attendais !
Patrice a écrit
Et pour ne pas déflorer le sujet :Patrice, je me suis permis de retirer le blanc et de cacher les spoils. Ta passion et ton impatience font plaisir, mais tu vas finir frustré sans retour des autres lecteurs ! Je t’invite à patienter un petit peu pour pouvoir présenter tes idées sans les masquer, et surtout pour avoir des réponses de la communauté. Sinon tes propos risquent de se perdre, de ne pas avoir de retours.
Dans une semaine, le sujet s’ouvrira pour tous ceux qui auront lu l’album et qui auront bien sûr plein de choses à dire. Cet album va être un beau succès et va booster les conversations un moment, on aura le temps de débriefer tranquillement tout au long de l’année 2023. De mon côté je vous prépare plein de choses aussi.
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