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Thorgal (et si…)
Ce sujet a 7 réponses, 3 participants et a été mis à jour par cat, il y a 10 ans et 11 mois.
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Sujet
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J’y pense depuis un moment. Repartir de la fin du tome 29, là où s’est arrêté Van Hamme et réécrire les aventures de nos héros. Une sorte d’histoire parallèle. Et puis voilà, j’ai concocté un résumé pour trois aventures et j’ai commencé la rédaction de la première. N’étant pas scénariste, j’ai préféré me lancer dans une nouvelle, puis abordable pour moi. Je vous soumets le travail du jour. Et pour la suite, bah, on verra suivant ma motivation fluctuante.
Bien sûr, je devrai relire et faire des corrections, mais ça ce sera pour plus tard.
Jolan vient de quitter son père. Il s’est retourné une fois, une dernière vision avant son nouveau destin. S’il se retourne encore, il sait qu’il fera demi-tour, alors il avance et se concentre sur la silhouette qu’il aperçoit dans la neige tombante. Manthor ! Sans le distinguer, il sait que c’est lui. Il reconnait le corps massif et la tête masquée. Il ressent l’aura de l’étrange homme qui l’attend.
Quelques pas encore et il atteint enfin le mage rouge. Celui-ci le regarde un moment avant de lui adresser la parole :
– Je savais que tu viendrais. Tu ressembles tant à ton père. La même loyauté, le même esprit de sacrifice, le même respect de la promesse. Si tu es prêt, nous pouvons y aller.
– Je suis prêt !
Le jeune garçon a le visage crispé, mais également décidé. Pourtant, soudainement, il est pris d’un malaise. Il titube, manque de s’écrouler. Son compagnon le rattrape.
– Que t’arrive-t-il ?
– Je ne sais pas ! Une sensation étrange, un déjà-vu ! J’ai eu la tête qui tourne.
– Explique-moi plus en détail ce que tu as ressenti.
– C’était bizarre, une sorte de vision. Je nous ai vu tous les deux ici. Mais si c’était semblable, j’ai aussi senti que ça ne l’était pas. Je ne peux pas expliquer tout à fait pourquoi. Ensuite, j’ai eu l’impression de parcourir un long chemin, une sorte d’épreuve que vous m’imposiez pour vous rejoindre. J’y rencontrais des compagnons de route, mais tout est flou… Vous allez me mettre à l’épreuve ?
– Non ! Je n’en ai pas besoin. Je sais déjà qui tu es et ce que tu vaux… Mais pour te dire, j’ai ressenti la même chose que toi.
– C’était de la télépathie ?
– Non ! Je crois que nous venons de fixer un monde.
– Je ne comprends pas !
– Comme tu le sais, il existe une infinité de mondes, celui-ci en est un. Mais les choix que nous faisons peuvent provoquer une cassure sur les lignes des destins et un nouveau monde se crée alors.
Manthor réfléchit quelques instants, puis poursuit son explication.
– J’ai toujours eu le sentiment que j’existais ici et ailleurs, dans deux espace-temps différents, mais que les deux étaient fragiles comme s’ils ne tenaient qu’à une décision. Ce deuxième monde existe depuis déjà longtemps, peut-être avant même ma naissance et les deux se sont longtemps confondus. J’ai songé à un moment te donner des épreuves pour me rejoindre, mais je sais qu’elles ne sont pas nécessaires. Lorsque tu m’as rejoint, nous avons fixé ce monde qui existe maintenant pour toujours et dans lequel nos destinées seront différentes de celles de l’autre monde.
– Je pourrais alors choisir d’aller dans cette autre destinée ?
– Non ! Dès l’instant où les mondes se sont fixés, les passages entre les deux se sont fermés. S’il nous était possible jusqu’il y a peu de privilégier un monde ou d’en faire disparaître un, maintenant, nous n’avons plus le choix, nous devons suivre le destin de ce monde-ci.
– Qu’est-ce qui m’empêcherait de créer un autre monde ? Un monde où je vivrais tranquille avec ma famille, où nous aurions enfin la paix ?
– Ce n’est pas aussi simple Jolan. Les mondes se créent par des choix, mais tous les choix ne créent pas des mondes. Il est impossible de savoir quel choix aboutira à ce résultat. Nul ne sait pourquoi tel ou tel choix a cet effet et il est malheureusement impossible de créer son monde idéal.
– Et qu’arrivera-t-il à mon autre moi dans cet autre monde ?
– On ne peut pas le savoir. Peut-être en auras-tu quelques visions, je pense que tu en es capable, mais rien n’est moins sûr. Mais cela importe peu. Maintenant, tu es ici et tu dois suivre la route qui est la tienne ici… As-tu compris tout ce que je viens de t’expliquer ?
– Oui, je crois. C’est un peu la même chose que lorsque j’ai utilisé le voyageur. J’avais créé un autre futur en modifiant mon passé, mais le premier futur n’a pas été complètement effacé.
– C’est un peu la même chose en effet. Mais à l’époque, tu as accompli quelque chose de très dangereux. Tu as fait se confondre deux mondes à un moment donné et les mondes ne peuvent pas se confondre. Pour nous, c’est heureusement différent, les deux mondes sont maintenant totalement séparés. Certaines choses y seront semblables, mais beaucoup d’autres seront totalement différentes… Bien assez discuté de choses qu’on ne peut changer, partons vers ta nouvelle vie.
Ne laissant pas à l’adolescent l’occasion de continuer la conversation, Manthor se mit en marche. Après un instant d’hésitation, Jolan emboîta son pas.
***
Thorgal, après être resté à suivre son fils du regard jusqu’à ce qu’il disparaisse et avoir attendu encore longtemps comme dans l’espoir que tout change, que l’enfant revienne et que leur vie reprenne, s’est décidé à rentrer chez lui. Il sait qu’Aaricia sera éveillée, qu’il lui faudra s’expliquer. Un moment qu’il appréhende. Aaricia va lui en vouloir, elle ne comprendra pas. Mais que pouvait-il faire d’autre que de laisser partir Jolan. C’était sa décision, sa promesse. Il ne pouvait pas aller contre.
Il soupire et maudit intérieurement les dieux qui ont encore trouvé le moyen de le mettre à l’épreuve. La maisonnette dans laquelle il vit avec sa famille se profile dans l’aube naissante et Aaricia est effectivement déjà au travail. Elle nettoie les légumes pour le repas de midi. Et lorsqu’elle aura terminé, elle balaiera le plancher. Sa femme est heureuse d’être là, parmi les siens dans une vie simple. Et lui est heureux pour elle.
Relevant la tête, Aaricia l’aperçoit et lui sourit. Il sourit en retour parce qu’il ne sait pas quoi faire d’autre. Les questions vont fuser directement. Il le sait et même préparé, il ploie sous la première salve.
– Louve et Aniel sont partis jouer. Ils n’ont pas encore vraiment de camarades dans le village, alors ils s’amusent ensemble. J’espère que cela changera. Mais je ne sais pas où est passé Jolan. Il ne t’a rien dit ? Je ne l’ai pas vu aujourd’hui.
– Viens mon aimée ! Je dois te parler.
Aaricia le regarde, surprise et il évite de croiser son regard. Il est mal à l’aise et se contente de l’entrainer à l’intérieur.
– Qu’est-ce qui se passe Thorgal ? Où est Jolan ? Il s’est passé quelque chose ? Mon fils a des problèmes ?
La jeune femme s’énerve toute seule, chaque question augmentant son inquiètude.
– Non, non ! Jolan va bien ! Ne t’inquiète pas !
– Mais alors où est-il ?
– Il ne reviendra pas tout de suite !
A cette affirmation, Aaricia s’emporte.
– Que veux-tu dire ? Pourquoi ne reviendrait-il pas tout de suite ? Que lui est-il arrivé ? Réponds-moi Thorgal !
– Laisse-moi t’expliquer mon amour. Jolan lorsqu’il a rencontré Manthor lui a fait une promesse qu’il doit maintenant tenir. Il n’avait pas le choix, pour me sauver Manthor lui a demandé sa vie et…
– Sa vie !!! Mais que veux-tu dire par là ? Notre fils est en danger et tu restes là à approuver ! Pourquoi ne vas-tu pas le sauver !? Thorgal, je veux que mon fils revienne !
– Manthor n’en veut pas à sa vie Aaricia ! Il veut simplement que Jolan reste près de lui. Il veut lui apprendre à maîtriser ses pouvoirs.
– Mais pourquoi ? Pourquoi désire-t-il que Jolan reste près de lui ? Thorgal, tu n’as pas pensé qu’il n’était peut-être pas aussi droit et loyal que toi ? Tu n’as pas pensé que peut-être, il avait une idée concernant Jolan ? Pourquoi as-tu laissé faire ça ? Pourquoi !?
– Je n’avais pas le choix Aaricia ! C’était le choix de Jolan et il ne m’avait rien dit. Il partait cette nuit sans un au-revoir juste parce qu’il l’avait promis à Manthor.
– Mais toi tu le savais n’est-ce pas ? Tu savais qu’il allait partir ? Tu savais et tu n’as rien fait, tu n’as rien dit ? Pourquoi Thorgal ? Dis-moi pourquoi ?
– Cela aurait changé quoi ? Manthor m’avait tout raconté. Le sacrifice de Jolan, sa promesse, ses demandes. Oui je savais tout ! Mais crois-tu que j’aurais pu empêcher notre fils d’honorer sa promesse ? Le crois-tu vraiment ? Ne connais-tu donc pas plus que ça notre fils ?
– Mais pourquoi ne m’as-tu rien dit ? J’aurais pu lui dire au revoir !
– Pour ne pas vous faire du mal Aaricia. Ni à toi, ni à Louve et Aniel, ni à lui. Sa décision était prise, il aurait été au bout et des adieux auraient été trop difficiles.
– Toi pourtant, tu lui as dit au-revoir !
Et la jeune femme s’enferma dans un silence boudeur que les attentions de Thorgal ne purent briser.
***
Atteignant la forteresse de Manthor, les deux marcheurs s’arrêtent. Le bâtiment est toujours aussi impressionnant et Jolan se sent tout petit. C’est ici qu’il va vivre pour un temps indéterminé et le malaise qu’il ressent lui coupe le souffle. Mais c’est passager et puis Manthor ne lui laisse pas le temps de s’appesantir sur des états d’âme, il l’entraine à l’intérieur.
L’adolescent retrouve des lieux qu’il a eu l’occasion de voir. Cette fois, il prend le temps de regarder. Les pièces sont immenses, les couloirs, au contraire, sont étroits et sombres. Beaucoup de portes sont fermées et Jolan pressent que derrière beaucoup de choses mystérieuses se passent. Manthor lui indique d’ailleurs beaucoup d’endroits qui lui sont interdit et il n’ose poser des questions sur les raisons.
Au croisement de deux couloirs, il aperçoit une silhouette. Le temps de remarquer qu’elle est dissimulée sous une cape et elle disparaît à l’intérieur d’une pièce.
– Qui était-ce ?
– Tu n’as pas besoin de le savoir pour le moment. Mais ce que je peux te dire c’est que je ne suis pas le seul à ne plus avoir ma place dans les mondes de la terre. Les dieux poursuivent d’autres personnes de leur courroux. Et certaines de ces personnes se sont réfugiées ici. Tu auras l’occasion de faire leur connaissance plus tard, mais ce n’est pas leur désir pour le moment. Maintenant, nous allons manger et puis tu pourras te reposer. Je pense que les émotions de la journée doivent t’avoir épuisé. Et l’entrainement commencera dès demain matin.
Dans sa chambre, après le repas, Jolan était plongé dans ses réflexions. Quel endroit étonnant. Tout était empreint de mystères et de secrets. Tout semblait désert et pourtant, plusieurs personnes habitaient les lieux. Le temps lui-même semblait différent et parfois il avait eu l’impression que les choses ne semblaient pas être ce qu’elles semblaient être.
Il s’interrogeait aussi. Pourquoi Manthor le voulait-il auprès de lui ? Quel était son intérêt ? Il ne lui avait rien dit de ses projets à part que son entrainement allait commencer. Mais quel entrainement ? Il n’en savait rien non plus. Il n’aimait pas trop tout ce flou qui entourait tout et toutes choses.
Le sommeil eut du mal à s’imposer, ses pensées tournaient dans tous les sens. Mais il avait beau penser et repenser, il n’arrivait à rien. Comme un puzzle auquel il manquait trop de pièces pour qu’il recompose son paysage. Néanmoins, il finit par s’endormir et ne se réveilla qu’à l’appel de Manthor.
Après un déjeuner copieux, il rejoint son maître dans une salle sans fenêtre. L’ameublement est discret. Une table et une chaise, quelques bougies. Un cercle est tracé sur les dalles sombres du sol et des tentures rouges recouvrent tous les murs. Tout un tas d’objets hétéroclites s’entassait sur la table. L’atmosphère est étouffante.
Manthor lui fait signe de se placer dans le cercle et de s’asseoir bien à son aise. Ce qui semble difficile au jeune garçon, il est tendu et peine à se relâcher.
– Dis-moi Jolan, que sais-tu de tes pouvoirs ?
– Ce que mon arrière-grand-père m’a expliqué. Ils me viennent du peuple des étoiles et mon père n’en a pas reçu alors que moi bien et ma sœur aussi. Tout dans l’univers est composé de petites étoiles et je dois voir ces étoiles pour pouvoir les dissocier et faire disparaître des choses. Je pourrais aussi recomposer ces choses et même en inventer, mais depuis la mort d’Ogotaï, je n’y arrive plus. Pourtant, je vois les étoiles et je sais rompre leurs liens, mais impossible de les lier entre elles. Pourtant, je l’ai déjà fait avec Alinoë et puis ensuite grâce à Ogotaï, j’ai guéri Thorgal.
– D’accord, c’est une bonne explication et il ne sert à rien de rentrer plus dans les détails, tu sais ce qu’il faut savoir. Il te faut à présent apprendre à maîtriser tout ça. Pour commencer, tu vas t’appliquer sur ce que tu sais déjà faire. Tu vas me dématérialiser chacun des objets que tu as aperçus sur la table. Un par un juste qu’à ce qu’il n’en reste plus.
– Mais pourquoi faire ça puisque je sais le faire ?
– Ne pose pas de questions Jolan, fais juste ce que je te dis de faire.
Soupirant intérieurement, Jolan se concentra sur le premier objet que lui présenta Manthor. Une simple fourchette de métal. Rien de difficile. Il pouvait la faire disparaître en deux-trois secondes.
– Je voudrais que tu essaies d’aller plus vite, maintenant. Pour chaque objet, je veux que tu y ailles au plus vite de ce que tu peux faire.
Jolan fut surpris de la demande. Il n’avait jamais pensé à la rapidité de son pouvoir. Il se contentait de se concentrer et quand ça y était, ça y était. Finalement l’exercice allait être plus ardu que prévu. Le fait de vouloir accélérer les choses lui faisait perdre de la concentration nécessaire et résultat, il mettait plus de temps ou loupait carrément la manœuvre. Ce qui l’énervait. Et plus il s’énervait, moins il arrivait à ses fins.
Manthor ne disait rien, se contentant de poser les objets devant lui. Mais le jeune homme avait l’impression de voir le sourire derrière le masque. Et imaginer cela le perturbait encore plus.
La matinée se passa ainsi et à la fin de celle-ci, Manthor stoppa l’exercice. L’élève lui était épuisé. Il ne s’attendait pas à cela et suivit son compagnon vers la salle à manger.
– Que retiens-tu de cet exercice Jolan ?
– Que vous avez voulu me montrer que je ne savais rien !
Il avait répondu vivement, toujours énervé et un peu dépité. Puis il se reprit. Manthor n’avait pas répondu à sa remarque exaspérée et attendait en silence.
– J’ai compris que si je savais des choses, ce n’est pas pour autant que je les ai vraiment assimilées. Et qu’avant d’apprendre ce que je ne connais pas du tout, il me faut maîtriser ce que je connais déjà un peu.
– Tu es intelligent Jolan, tu apprendras vite. Peut-être que ça te paraîtra lent, mais je peux t’assurer que ce sera rapide.
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