Yves Sente
Ce sujet a 96 réponses, 23 participants et a été mis à jour par Thorgal-BD, il y a 3 semaines.
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PtirouLaurent Verron réalise en ce moment une fresque sur l’album qu’il prépare avec Yves Sente pour la fin 2017.
Voici un commentaire de Laurent Verron publié sur Inedispirou à propos de cet album de Ptirou.
« Yves Sente m’a soumis un projet autour de Spirou. D’emblée, je lui ai répondu qu’étant déjà catalogué dessinateur de reprise, cela ne m’intéressait pas; mais il a insisté en me disant qu’il ne s’agissait pas d’une aventure de Spirou, mais de l’histoire du groom ayant inspiré Rob-Vel. Ce dernier a été steward sur les transatlantiques qui reliaient Le Havre à New York, et sur lesquels travaillaient aussi des grooms. Il avait eu l’occasion d’en rencontrer un qui était rouquin et débrouillard. Plus tard, quand il est devenu dessinateur de BD et que Dupuis lui a demandé de créer le personnage de Spirou, Rob-Vel s’est souvenu de ce groom du [sur]nom de Ptirou. Yves a lu cette anecdote dans la monographie des Pissavy-Yvernault : La Véritable Histoire de Spirou (Dupuis, 2013). J’ai donc accepté, parce qu’il ne s’agissait pas en effet d’une histoire avec Spirou, mais d’un one-shot. Dupuis a signé le projet, qui fera partie de la collection « Spirou par… ». Yves Sente a écrit le scénario, fait le découpage, et j’ai attaqué le dessin au printemps 2014. »
Il s'appelait PtirouYves Sente et Laurent Verron viennent de publier « Il s’appelait Ptirou » qui raconte les aventures du groom qui a inspiré Rob-Vel pour créer son personnage de Spirou. Voici la présentation de l’album par l’éditeur Dupuis.
C’est une surprenante et dramatique histoire que celle qui fut contée le soir de ce Noël 1959, dans une demeure de la banlieue de Charleroi. Réunis auprès de leur oncle Paul, trois enfants impatients réclament un récit, lequel sera inspiré d’un épisode vieux de presque trente ans…
La Grande Dépression fait rage à cette époque malmenée : tensions sociales, grèves et conflits sont le lot quotidien des entreprises industrielles. Celle de Henri de Sainteloi, grand patron de la Compagnie Générale Transatlantique, ne fait pas exception à la règle. Poussé par ses actionnaires à renégocier les frais de locations des quais, Monsieur de Sainteloi doit se rendre à New York et en profite pour y emmener sa fille unique, Juliette, ravissante enfant atteinte d’une grave insuffisance cardiaque. À des kilomètres de Paris, sur les rives pluvieuses de la Seine, le cirque Marcolini est en deuil : Madly, sa trapéziste vedette, est victime d’un tragique accident qui force Ptirou, son fils, à quitter les saltimbanques pour tenter sa chance en Amérique, là où dit-on tout est possible à qui poursuit ses rêves. Sur le paquebot en partance pour le Nouveau Continent, voici l’histoire d’une improbable rencontre, d’une aventure bouleversante.
Laurent Verron, le digne héritier de Roba, Peyo et Franquin, et Yves Sente le scénariste aux mille visages se sont immergés dans l’atmosphère de ces années grises afin d’en restituer brillamment l’essence. Le trait enlevé de Verron magnifie ce panorama plein de caractère d’une époque en proie à la lutte des classes, sur fond d’immigration et de vastes traversées. Cette épopée transatlantique, que colorent les romans de Dickens, fait se côtoyer la grande Histoire avec la petite à travers les destinées de ses deux jeunes héros. « Il s’appelait Ptirou », ou les origines du personnage de Spirou créé par Rob-Vel, réinvente l’aventure romanesque.
Une présentation inspirée de l’album est accompagnée d’une interview des auteurs ici sur BD Zoom. En voici un extrait :
Réunis le soir de Noël 1959 dans une belle demeure de la banlieue de Charleroi, trois enfants écoutent le fascinant récit de leur oncle Paul : trente ans plus tôt, à l’époque de la Grande Dépression, sur un paquebot en partance pour New York, l’intransigeant grand patron Monsieur de Sainteloi et sa fille Juliette, atteinte d’une grave insuffisance cardiaque, vont rencontrer un certain Ptirou, un orphelin devenu groom… Livré en 76 planches d’une exceptionnelle densité narrative et psychologique, ce nouvel opus non officiellement inscrit dans la série dérivée « Le Spirou de… » se hisse au sommet, aux côtés du mythique « Journal d’un ingénu » d’Émile Bravo (200.
Un destin touchant, et une tranche d’histoire pour l’histoire du journal de Spirou : c’est par la réunion de ces deux aspects que sera initiée par Yves Sente le chantier scénaristique de cette nouvelle aventure, opération par ailleurs parallèle à ses reprises précédentes de grands classiques franco-belges, dont « Blake et Mortimer » (2000), « Thorgal » (2007 à 2013) et « XIII » (depuis 2011). Parcourant l’ouvrage « La Véritable histoire de Spirou » (Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernault, 2013), l’auteur s’arrête (page 54) sur l’anecdote narrée par Robert Velter : alors steward à bord du paquebot L’Île-de-France, le futur cocréateur du personnage de Spirou témoigne du bouleversant accident dont fut victime un jeune mousse de sonnerie, un groom vêtu de rouge et usuellement chargé d’apporter les courriers ou les cigarettes aux passagers. Né le 21 avril 1938, le futur héros de Rob-Vel ne se déparera plus jamais du costume ni du goût de l’aventure, mais une part de sa mystérieuse naissance laissait grande ouverte les portes de l’imaginaire…
BD Zoom
Outre le touchant duo Juliette-Ptirou, l’autre héros du récit, l’observateur et le relais du lecteur, c’est bien sûr Robert Velter : quelle fut la part de documentaire et d’imaginaire pour récréer la vie de ce futur auteur ?Yves Sente
Le point de départ est venu de cette anecdote racontée par Rob-Vel lui-même concernant ce mousse de sonnerie qu’il avait connu et qui s’était tué accidentellement en tombant au fond d’une cale. L’anecdote est racontée en 2 ou 3 lignes dans le livre de Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernault. Cette anecdote a fait « tilt »… et j’ai décidé d’inventer une vie complète à ce gamin qui n’aura jamais su qu’il a été à l’origine de la création d’une figure emblématique de la BD franco-belge.On peut feuilleter les premières pages de l’album sur le site de l’éditeur :
http://www.dupuis.com/le-spirou-de/bd/le-spirou-de-il-s-appelait-ptirou/71058
- Ce sujet a été modifié le il y a 6 ans et 12 mois par Tjahzi.
Sente sort aujourd’hui « Cinq branches de coton noir » un one-shot qui se passe pendant le débarquement en 1944. Est-ce que quelqu’un en a entendu parler?
thorgal-bdWebmestreCinq branches de coton noirJ’en ai lu d’excellentes critiques.
Voici le mot de l’éditeur (Dupuis) :
Philadelphie, 1776. Mrs Betsy est dépêchée par les indépendantistes américains pour concevoir le tout premier drapeau des futurs États-Unis d’Amérique. Sa domestique, Angela Brown, décide alors de transformer cet étendard en un hommage révolutionnaire, en y adjoignant en secret un symbole inestimable…
Douvres, 1944. Le soldat Lincoln se morfond dans son camp militaire, entre discriminations raciales et bagarres quotidiennes. Jusqu’à ce qu’il reçoive une lettre de sa soeur, Johanna, annonçant qu’elle a découvert dans les possessions de leur tante décédée les mémoires d’Angela Brown – rien de moins qu’un témoignage d’une rareté et d’une valeur exceptionnelles. Si l’histoire relatée dans ces mémoires est réelle, alors c’est l’histoire des États-Unis qui est à récrire.
Sauf que l’emblème américain est aux mains des Allemands nazis, qui l’ont dérobé ainsi que d’innombrables trésors, au cours de leurs pillages. S’ensuit donc la mise en place d’une opération de la plus haute importance, à laquelle participe Lincoln…
Quand Yves Sente rencontre Steve Cuzor, c’est la petite histoire et la grande Histoire qui se percutent dans un album aux allures d’épopée. Par l’ampleur de sa narration et la densité de son graphisme, ici sublimé par le noir et blanc du tirage de luxe, Cinq branches de coton noir est d’ores et déjà une œuvre mémorable.
J’ai lu « Cinq branches de coton noir », une brique de 176 pages ! Il y a de quoi se passionner pour les aventures de ces soldats noirs qui veulent prendre une part plus active dans les combats de l’armée américaine. Leur mission qui parait accessoire, au milieu du tumulte de la guerre, devient un sacré enjeu. Au fil des pages, on traverse de nombreux lieux de batailles, mais on traverse aussi le temps pour retrouver l’origine du drapeau qu’ils ont la mission de ramener à tout prix.
La BD nous immerge dans l’histoire de l’indépendance des USA, puis au cœur de la seconde guerre mondiale. Mais cette histoire sert de toile de fond à un récit imaginaire qui aborde le racisme dont sont victimes les noirs américains. Côté scénario, cela traîne pas mal en longueur, surtout au début du récit. Mais le dessin très travaillé de Steve Cuzor fourmille de détails, rappelant même des visages d’acteurs célèbres. J’espérais une autre fin à cet album, mais bon, Yves Sente aime les mélodrames…
Le meilleur souvenir d’Yves Sente au festival BD d’Angoulême- Ce sujet a été modifié le il y a 6 ans et 9 mois par Tjahzi.
Dédicaces à BruxellesJournée spéciale Yves Sente et ses dessinateurs le 30 novembre au cinéma Palace à Bruxelles
Samedi 30 novembre 2019, la librairie Brüsel aura le plaisir de recevoir Yves Sente et ses dessinateurs pour une journée spéciale à l’occasion de la sortie des nouveaux albums XIII et Blake & Mortimer !
Au programme :
→ De 11h à 13h30 : rencontre-signature-dédicace avec Yves Sente et Iouri Jigounov pour XIII tome 26 « 2132 mètres ».
→ À 15h : conférence sur Blake & Mortimer
→ À partir de 16h : signature-dédicace avec Teun Berserik, Peter Van Dongen et Yves Sente pour Blake et Mortimer tome 26 “La vallée des Immortels” et Hubert Védrine pour « Olrik : la biographie non autorisée ».
Conditions d’accès à l’événement : https://www.brusel.com/blog/evenements/journee-yves-sente/
Tjahzi a écrit
Journée spéciale Yves Sente et ses dessinateurs le 30 novembre au cinéma Palace à Bruxelles
Samedi 30 novembre 2019, la librairie Brüsel aura le plaisir de recevoir Yves Sente et ses dessinateurs pour une journée spéciale à l’occasion de la sortie des nouveaux albums XIII et Blake & Mortimer !
Au programme :
→ De 11h à 13h30 : rencontre-signature-dédicace avec Yves Sente et Iouri Jigounov pour XIII tome 26 « 2132 mètres ».
→ À 15h : conférence sur Blake & Mortimer
→ À partir de 16h : signature-dédicace avec Teun Berserik, Peter Van Dongen et Yves Sente pour Blake et Mortimer tome 26 “La vallée des Immortels” et Hubert Védrine pour « Olrik : la biographie non autorisée ».
Conditions d’accès à l’événement : https://www.brusel.com/blog/evenements/journee-yves-sente/
XIII et Blake et Mortimer, 2 séries avec lesquelles Yves Sente est vraiment à l’aise et se fait plaisir.
On retrouve Yves Sente dans cette courte vidéo, particulièrement enchanté par le monde de Blake & Mortimer.
Dans le cadre du Salon du Livre historique de Versailles, Yves Sente, le scénariste de Blake et Mortimer (La Vallée des Immortels), et Hubert et Laurent Védrine, les auteurs d’Olrik, la biographie non autorisée (chez Fayard) ont participé à la conférence « L’Histoire s’invite dans Blake et Mortimer ». Rencontre animée par Etienne de Montety. Extraits de la rencontre et de la séance de dédicaces du nouvel album de Blake et Mortimer par Peter Van Dongen et Yves Sente.
Interview dans l'hebdo belge TélémoustiqueLes poules aux œufs d’or d’Yves Sente…
thorgal-bdWebmestreJe n’avais pas envisagé les choses sous cet angle, mais il est vrai qu’avec plusieurs équipes travaillant en même temps sur les mêmes personnages, les différents auteurs peuvent ressentir une certaine frustration. Et tout simplement, peut-être, ne pas être satisfaits du travail des autres équipes, qui empruntent des chemins ne correspondant pas forcément à ceux que l’on souhaite.
Les sorties plus nombreuses font certainement baisser les ventes, ça paraît logique, la demande se dilue dans l’offre.
Entretien sur Actua BDSur Actua BD, entretien approfondi avec Yves Sente suite à la sortie du second tome de « La Vallée des Immortels ».
Yves Sente : « Je m’étais fixé le défi de rassembler les thématiques chères à Jacobs en une seule histoire. »
« Le scénariste de Blake et Mortimer le plus prolifique depuis la reprise de leurs aventures nous explique comment il a relevé le challenge du diptyque de « La Vallée des immortels », et comment il conçoit globalement son approche pour cette série mythique.
Le second album de La Vallée des immortels recèle quelques surprises, dont une part de fantastique. Avez-vous voulu, à l’image du Mystère de la Grande Pyramide, mêler archéologie et mythologie de la civilisation rencontrée ?
Je m’étais fixé le défi de rassembler un maximum de thématiques chères à Jacobs en une seule histoire. Les albums de Blake et Mortimer font soit la part belle à l’aventure avec les confrontations militaires et géopolitiques, sont soit une enquête archéologique, ou portées sur la science-fiction (L’Énigme de l’Atlantide). Dans ce cas-ci, j’avais l’opportunité de rassembler l’enquête archéologique, la situation géopolitique tendue ainsi qu’une touche de fantastique avec cette fameuse Vallée des immortels. Concernant ce dernier élément, un peu moins réel, c’est au lecteur de décider ce qu’il désire croire ou non, comme cela a effectivement été le cas dans la conclusion du Mystère de la Grande Pyramide.
Avez-vous écrit cette conclusion en vous inspirant de la bague du Mystère de la Grande Pyramide, car le lien entre les deux éléments paraît évident ?
Cette similitude ne m’a pas poussé à écrire le scénario dans cette direction, mais lorsque c’était sur papier, j’ai réfléchi, comme toujours, afin de m’assurer que cet élément soit bien « jacobsien ». J’ai effectivement repensé à cette bague, qui m’a peut-être inconsciemment influencé, mais en faisant ce lien a posteriori, je me suis rendu compte que si Jacobs l’avait réalisé ainsi en son temps, je pouvais également utiliser mon ressort scénaristique, car il correspondait à l’univers de Blake et Mortimer. »
Pour la suite de l’entretien, c’est ici sur Actua BD.
Entretien pour MoustiqueAu moment où paraissent 3 nouveaux albums qu’il a scénarisés, Yves Sente répond à l’interview de Moustique :
« Menant de front projets personnels – Omula et Rema – et blockbusters – Thorgal, Blake et Mortimer, XIII -, un des scénaristes les plus cotés de la bande dessinée belge raconte son travail qui est sa passion, et sa passion qui est son travail.
À la veille de la sortie de Moscow – Spaso House, vingt-neuvième tome de XIII (le 25 octobre), et de Signé Olrik, trentième aventure de Blake et Mortimer (le 31 octobre), et au lendemain de la parution d’Omula et Rema, diptyque mi-péplum, mi S.F., il est grand temps de demander à Yves Sente comment il a fait tout ça. Tout ça, quoi ? Vendre 13 millions d’albums dont il a signé le scénario, par exemple…
Alors que vous terminez un diptyque ambitieux, Omula et Rema, c’est encore de XIII ou Blake et Mortimer dont on va vous parler. C’est frustrant ?
YVES SENTE – Un peu, mais je comprends, ce n’est pas grave. Dans mon travail, il y a les livres dont on part de zéro, et puis les reprises. Partir de zéro, ça prend du temps, et comme je n’écris pas juste pour écrire, et que je n’ai pas envie d’écrire dix scénarios par an, j’affectionne les reprises et leur côté efficace. Je suis admiratif de mes confrères plus productifs. Moi, je suis un lent, et comme Blake et Mortimer ou un XIII me prennent déjà un temps considérable, je veux accorder le temps qu’il me reste pour des projets auxquels je crois à cent pour cent.
XIII ou Blake et Mortimer sont des machines qui marchent, ça vous ravit ?
En effet, et à plus d’un égard. En tant qu’ex-éditeur, je sais comment ça marche : il faut des succès pour financer des projets plus fragiles. Quand j’écris un Blake et Mortimer, j’écris mon histoire, en suivant la recette de Jean Van Hamme : un bon début, un bon milieu, une bonne fin. Caricatural et simpliste ? Peut-être, mais ça reste le cœur de l’affaire ! Financièrement, je suis conscient d’être verni, de pouvoir choisir, et même dire non. Je préfère finir ma carrière avec dix ou douze “one shots” dont je serai fier, plutôt qu’avec trente dont j’aurais pu éviter la moitié ! D’ailleurs, en ce moment, j’écris un roman, un thriller d’anticipation, tout seul, sans la moindre image (rire).
Quand Dargaud cherche une deuxième équipe pour reprendre la série Blake et Mortimer en pleine renaissance, vous êtes retenu. Hasard ou coup de chance ?
Un peu des deux. J’ai envoyé, de manière anonyme, un synopsis chez Dargaud. La direction l’a lu, et a proposé à André Juillard de travailler avec ce parfait inconnu – moi. André a accepté, et ça a donné La machination Voronov.
Existe-t-il une formule secrète pour réussir une aventure de Blake et Mortimer ?
Si formule il y a, c’est de faire du Blake et Mortimer, pas du Jacobs, car ça, lui seul savait le faire. Sinon, je m’échine à respecter les codes, au premier degré, tout en les modernisant. Je tente de créer un récit qui puisse être lu en 2024, tout en donnant l’impression qu’on savoure une madeleine des années 50.
Comment vos scénarios fonctionnent-ils ?
Mes scénarios sont ultra-documentés et construits. Ça me prend un temps fou ! Je ne me permets d’écrire que lorsque je sais ce qu’il se passe de la première à la dernière planche. L’écriture va vite, et c’est du plaisir : la langue, le découpage, les petites scènes inutiles mais fondamentales à tout bon scénario. Je tente aussi – et c’est le plus compliqué – de placer de l’émotion, celle qui déclenchera de l’empathie pour mes personnages. Entre le début, quand on trouve une idée, et la fin, quand on a tout solutionné, il y a des moments de souffrance et de solitude. Ma compagne m’entend geindre et me dit “Tu me fais le coup à chaque fois, mais ça va aller”. Et je dois reconnaître que le temps lui donne raison.
L’aventure est votre spécialité…
J’y suis très attaché. Même si je glisse dans mes récits des thèmes de société, le lecteur qui choisit un album d’Yves Sente se dit : je vais passer un bon moment d’évasion. Cela étant, s’il se pose des questions en plus, c’est du bonus. »
Source : Moustique
Omula et RemaLa parution du second tome de ce diptyque est l’occasion de découvrir Omula et Rema, avec Jorge Miguel au dessin et Yves Sente au scénario, publié aux éditions Rue de Sèvres.
« Dans un monde lointain et futuriste, la population en constante augmentation oblige Omula à embarquer avec ses parents pour une expédition aux confins de l’univers à la recherche d’une nouvelle planète où vivre. A bord du vaisseau, se trouvent les clones de chacun des membres d’équipage, dont celui de la jeune fille, Rema. Au même moment, sur Terre, la cité antique d’Albalonga est le théâtre d’un complot politique. Amulius, fils du roi Procas, manoeuvre en secret pour récupérer la couronne de son père et instaurer un régime autoritaire. Ces personnages de planètes et d’époques différentes, aux destins mystérieusement entremêlés, seront ensemble à l’origine d’événements majeurs de l’Histoire… »
Voici ce qu’en dit Yves Sente sur LinkedIn :
Le roman graphique « Omula et Rema » que j’ai eu la chance de voir dessiné par le talentueux Jorge Miguel est enfin complet. Le second tome vient de paraître aux Editions Rue de Sèvres et n’attend plus que vous en librairie.
A tous ceux qui ont lu/traduit Tite-Live à l’école et qui gardent un souvenir ému des « aventures » de Romulus et Remus, fondateurs légendaires de Rome, je propose une « revisite » du mythe… que l’historien romain lui-même aurait du mal à renier… Si vous lisez ce grand récit peplum (mâtiné d’une pointe de SF, si, si…, vous saurez pourquoi.Entretien avec DargaudA l’occasion de la sortie de 2 albums qu’il a scénarisés – XIII, Moscow-Spaso House et Blake et Mortimer, Signé Olrik – Yves Sente répond aux questions de son éditeur Dargaud. Je copie cet entretien dans son intégralité (car notre forum est plus pérenne que la plupart des pages du web), mais je vous encourage à le lire sur sa page d’origine de Dargaud, bien mieux présentée.
C’est ici : https://www.dargaud.com/actualites/yves-sente-et-la-formule-magique-photo
Yves Sente et la formule magique
Les scénarios qu’Yves Sente confectionne avec la dextérité d’un orfèvre ravissent des hordes de lecteurs qui en redemandent depuis 26 ans. Mais qui est donc ce scénariste qui a de l’or dans le stylo-plume ?
Son nom est Sente, Yves Sente
L’ex-rédacteur en chef, puis directeur aux éditions du Lombard, est devenu, suite à l’envoi – anonyme ! – d’un projet d’histoire, l’un des dépositaires de la destinée des agents de Sa gracieuse Majesté : Blake et Mortimer.
Tout commence en 1998, quand La Machination Voronov, dessinée par celui qui deviendra son binôme et ami, André Juillard, est en passe de devenir un carton.
Depuis, le scénariste, qui ne délaisse pas ses propres créations originales pour autant, suit les traces d’un autre belge de renom : Jean Van Hamme.
Ce dernier va lui mettre le pied à des étriers de pur-sang ne demandant qu’à hennir de plus belle : le demi-dieu venu des étoiles, Thorgal, et l’amnésique recherché XIII.
Les ventes des reprises signées Sente ont largement dépassé les 10 millions d’exemplaires vendus. Pas mal pour un scénariste qui souhaite juste que ses lecteurs passent un bon moment ! Mais comment fait-il ?
Comment expliquez-vous le succès de la reprise de Blake et Mortimer ?
Yves Sente : Que les choses soient claires : le succès de la série Blake et Mortimer revient à Jacobs, et rien qu’à Jacobs. Nous, les repreneurs, ne faisons que le prolonger, l’extrapoler. Au moment de la reprise, en 1996, il fut décidé de replacer la série dans son jus, au cœur des années 1950. Excellente idée me semble-t-il.
Blake, Mortimer et le paradoxe temporel
Est-ce un souvenir d’enfance d’aujourd’hui ?
Yves Sente : Les Blake et Mortimer signés Jacobs n’étaient pas des BD historiques ! D’ailleurs, dans les derniers albums, comme Les 3 Formules du Professeur Sato [N.D.L.R. : dont la première partie a été publiée dans le Journal de Tintin de 1971 à 1972], on est clairement dans les années 1970.
C’est une sorte de paradoxe : pour Jacobs, Blake et Mortimer était une série contemporaine, pour nous, les repreneurs, c’est devenu une série historique, dans laquelle je respecte certains codes de l’époque : les personnages se vouvoient, utilisent des expressions surannées, et naviguent au milieu de très longs textes ampoulés.
La madeleine 2.0
Mais il doit y avoir une formule, Professeur Sente ?
Yves Sente : S’il y en a une, c’est de faire du Blake et Mortimer, pas du Jacobs. Ça, lui seul en était capable. Malgré les codes évoqués plus haut, j’essaie de moderniser le récit. Je suis persuadé que si je faisais un scénario exactement comme ils étaient faits dans les années 1950, il nous tomberait des mains aujourd’hui. Ça ressemblerait à un pastiche, ou pire, un copié-collé.
Nos cerveaux ont évolué, grâce au cinéma, aux séries. Par exemple, on n’envisagera plus de sortir une histoire sans personnage féminin. On ne met pas de personnages féminins aujourd’hui pour casser un code « jacobsien », non ! Jacobs lui-même aurait aimé en mettre dans ses albums, il l’a souvent dit… La question n’est donc pas de respecter ou non Jacobs, mais plutôt de voir comment réaliser un récit lisible en 2024, tout en donnant l’impression qu’on savoure une madeleine des années 1950.
Dans vos scénarios, hyper-documentés et construits, il y a toujours un moment « gratuit », qui amène l’attachement aux personnages…
Yves Sente : C’est en effet mon petit plaisir : ajouter ces scènes apparemment inutiles, comme deux personnes qui parlent sans raison apparente, et qui donnent lieu à un moment d’émotion. Émotion qui manquait un peu. C’est André Juillard qui m’a rappelé que Jacobs avait écrit une biographie de ses héros dans L’Opéra de papier. Mon ami avait tellement raison : je me suis replongé dans ces biographies, de manière à densifier leur psychologie via des flash-back. D’un coup, j’ai trouvé qu’ils devenaient « vrais », et attachants.
We love XIII
Et XIII ?
Yves Sente : À l’époque, j’ai beaucoup dialogué avec Jean Van Hamme, qui me disait toujours : « Yves, tu auras beau faire la meilleure histoire du monde, si on ne s’attache pas à tes personnages, elle n’intéressera personne. » Il a tellement raison : on s’en fiche que Thorgal aille aux enfers, ou batte la sorcière et gravisse le mont machin… Ce qui nous importe c’est qu’il retrouve sa famille, c’est de savoir où en est son amour avec Aaricia, et ce qu’il en est de ces dieux qui lui en veulent. On a de la compassion pour lui, on tremble pour lui, avant d’avoir envie qu’il fasse tel ou tel acte de bravoure. Pareil pour Largo Winch.
Et que dire de ce pauvre gars qui n’a toujours pas retrouver sa mémoire ?
Yves Sente : Mais oui ! XIII est le plus mal loti : il a perdu la mémoire, ce qui est déjà horrible en soi, mais en plus, le monde entier lui en veut. Forcément on a envie qu’il la retrouve, qu’il s’en sorte et accède enfin à une vie tranquille, où on lui fout la paix ! Si j’arrive à déclencher l’empathie pour mon personnage principal, la moitié du boulot est faite.
XIII version Sente : permis de flinguer
Il y a une grande liberté dans « votre » XIII, rien n’est interdit ?
Yves Sente : Si ! Il y a quelques temps, inspiré par la grande liberté des séries comme Game of Thrones, il m’a pris l’envie folle de tuer des personnages. William Vance et Jean Van Hamme m’ont dit : « Pas question ! » Je les ai écoutés… mais je cogitais.
Alors, avec Iouri (Jigounov, dessinateur de XIII, N.D.L.R.) on a décidé de créer une série de nouveaux personnages, rien qu’à nous. Comme ils nous appartiennent, on a pu les flinguer, les défigurer, ou les tourmenter à souhait, ce qui nous a permis d’apporter un côté actuel à la narration. On essaie, petit à petit, d’amener XIII, ce quasi-retraité, dans le XXIe siècle !
À propos de retraite, vous pensez à la fin de XIII ?
Yves Sente : Oui ! Et je sais exactement comment et pourquoi finir ce deuxième cycle. Je peux vous dire qu’en trois albums, ce sera plié !
Vous arrêterez ?
Yves Sente : Je ne sais pas encore… Si, d’ici la fin de la série en cours, je me réveille avec une lumière divine, je proposerai de rempiler. Mais si rien ne vient, je laisserai la place à un autre.
Belgique : patrie des scénaristes d’aventures
XIII ou Blake et Mortimer représentent une tradition de la BD belge : l’aventure.
Yves Sente : C’est vrai ! Hergé, Jacobs, Peyo, Jean-Michel Charlier, Greg, André-Paul Duchâteau, Henri Verne, Maurice Tillieux, Jean Van Hamme, Jean Dufaux, Philippe Tome,… La plupart des grands modèles de scénaristes de mon enfance (qu’ils soient, par ailleurs, dessinateur ou pas) sont Belges. Cela ne ne m’empêche évidemment pas d’avoir énormément d’admiration pour les scénarios d’aventures de Goscinny, Graton, Jacques Martin, Derib, Cosey et bien d’autres. Peut-être que la petite taille du pays et sa culture si particulière ont-elles donné aux auteurs belges l’envie d’envoyer leurs héros à l’aventure, aux quatre coins du monde ? Je ne sais pas.
En tout cas, j’assume avec plaisir faire partie de cette tradition d’auteurs qui aiment raconter des histoires de fiction qui laissent la place toute entière à l’imaginaire et l’aventure pure. Comme ceux de mes modèles, mes récits n’ont (presque) rien à voir avec ma vie ou de quelconques expériences personnelles.
On le sait, une bonne série, c’est avant tout un bon méchant. Dans cette dernière aventure, Blake et Mortimer se font damner le pion par un méchant très malin : un certain Olrik.
Yves Sente : Oui, nous avions envie, André et moi, de rendre hommage à Olrik, ce méchant génial et très efficace !
Pour être aussi fort, et faire tourner les rouages de son entreprise du mal, il faut des moyens. Avec Signé Olrik, nous faisons d’une pierre deux coups : on explique comment Olrik finance ses noirs desseins, et on montre l’humanité de Blake et Mortimer.
Je suis très triste à l’idée qu’André Juillard ne m’accompagnera plus pour de nouvelles aventures mais je suis content qu’il ait pu terminer cet album, qui sort un peu de la tradition, de l’ordinaire. André a réussi à finir l’album, et de quelle manière ! C’est une belle fin dans tous les sens du terme…
Source : Dargaud
thorgal-bdWebmestreUn bon entretien, je trouve, merci pour ce partage.
En lisant ce que dit Yves sur XIII, ça m’a donné envie de me mettre à jour dans la série. -
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